Les britanniques choisissent la sortie de l’Union européenne

Publié le Vendredi 24 Juin 2016 à 07:58
Reuters - Les Britanniques ont choisi de sortir de l'Union européenne, montrent les décomptes du référendum vendredi matin, et la victoire du "Out" promet de représenter le revers le plus sévère connu par le processus d'intégration européenne.

Les marchés financiers chutaient à l'heure où les résultats de la quasi-totalité des 382 circonscriptions montraient que le Leave l'emportait, avec environ 51,7% des voix, contre 48,3% pour les partisans du maintien.

La livre perdait plus de 10% par rapport au dollar vers 04h00 GMT, et la réaction des marchés laissait présager de nombreuses questions quant au rôle de place financière mondiale joué par Londres, et des mois d'incertitude politique.

L'euro a perdu près de 4% par rapport au dollar, les investisseurs s'inquiétant de l'avenir du Bloc des 28 après la décision du Royaume-Uni, tandis que l'or, valeur refuge, ainsi que le yen, ont enregistré de nets gains.

Parmi les eurosceptiques britanniques, l'euphorie est de mise.

Nigel Farage, leader du parti anti-européen Ukip, a dit "oser rêver que l'aube se lève pour un Royaume-Uni indépendant".

"Ce sera une victoire pour les gens ordinaires, authentiques, une victoire pour les braves gens (...) que le 23 juin entre dans l'histoire comme le jour de notre indépendance", a-t-il clamé.
Nigel Farage a en outre appelé le Premier ministre David Cameron à démissionner "immédiatement" en cas de victoire du "Out".

En quittant l'Union européenne, la Grande-Bretagne perdra l'accès au marché unique européen et devra conclure des accords commerciaux bilatéraux avec ses partenaires dans le monde entier. Le président américain Barack Obama a prévenu qu'un Brexit renverrait Londres "au bout de la file" pour négocier des accords avec les Etats-Unis.

Côté européen, l'Union perdra d'un coup près d'un sixième de sa production économique, voire un allié diplomatique doté d'un vote au Conseil de sécurité de l'Onu.

David Cameron doit informer formellement ses homologues européens de la décision des Britanniques dans les prochains jours et préparer les négociations en vue de la première sortie d'un pays de l'Union européenne, sortie qu'il a qualifiée d'"irréversible".

Après quatre mois d'une campagne violente, marquée par de fortes divisions, et le meurtre de la députée travailliste et pro-européenne Jo Cox, le camp du "Remain" aura été impuissant à empêcher la vague anti-système, et les désillusions à l'égard d'une Europe jugée distante, bureaucratique et engluée dans des crises sans fin.

La Grande-Bretagne, qui a rejoint la Communauté économique européenne (CEE) en 1973, a toujours été ambiguë dans ses positions à l'égard de l'organisation. Fervent soutien du libre-échange et de l'élargissement de l'Union européenne aux ex-pays communistes, elle a refusé d'adopter l'euro ou de rejoindre l'espace Schengen de libre circulation.

La communauté internationale s'est prononcée à l'unanimité en faveur d'un maintien dans l'UE: Barack Obama, le président chinois Xi Jinping, Angela Merkel et la France ont tous appelé de leurs voeux une victoire du "Remain".

Mais la campagne en vue du référendum, longue de quatre mois, a mis à jour des divisions profondes dans la société britannique, et les débats sur l'immigration, les accusations de mensonge ou de recours à une stratégie de la "peur" ont abondé des deux côtés.
Vendredi, les appels des eurosceptiques à libérer une Grande-Bretagne "enchaînée" à une organisation mourante ont triomphé grâce à des millions d'électeurs se sentant laissés pour compte par la mondialisation, et peinant à voir les bénéfices de l'immigration, ou du libre-échange.

Si l'on excepte le Groenland, territoire danois qui est sorti de la CEE en 1985 après des désaccords sur les droits de pêche, le Royaume-Uni est le premier pays à quitter l'UE, ce qui promet d'emmener l'organisation en territoire inconnu.

Les ministres des Affaires étrangères et les ambassadeurs des Etats-membres se réunissent à Luxembourg à 10h vendredi matin. Un autre sommet européen a été reporté à mardi, moment où Cameron pourrait déclencher l'article 50 de la Constitution européenne, fondement légal permettant la sortie de l'Union qui lancerait le départ de deux années en vue d'un divorce.