L’Egypte et l’Arabie Saoudite souhaitent acheter les Mistral russes

Publié le Vendredi 07 Août 2015 à 13:45
LeMonde.fr - (...)  "L’Egypte et l’Arabie saoudite sont prêtes à tout pour acheter les deux Mistral", confie une source officielle française. « Le roi Salman d’Arabie saoudite veut constituer une flotte digne de ce nom en Egypte, qui pourrait avoir une force de projection régionale, en mer Rouge et en Méditerranée", indique cette source. « Il y a un intérêt marqué manifesté par quelques pays de la région pour les Mistral dans l’optique de la constitution d’une force maritime. Ce sont des équipements qui ont prouvé leur efficacité », confirme une source diplomatique.

L’accord de coopération sécuritaire et économique, signé au Caire le 30 juillet, entre le prince saoudien Mohamed Ben Salman et le président Sissi va dans ce sens. Il constitue une nouvelle étape dans la mise sur pied d’une force arabe commune. Le projet avait été formulé dans la foulée de l’intervention d’une coalition arabe sous bannière saoudienne contre les miliciens houthistes au Yémen, le 26 mars, pour contrer l’influence iranienne dans le pays. Le 27 août, au Caire, cette force sera au menu d’une nouvelle rencontre ministérielle arabe.

Depuis l’arrivée du maréchal Sissi au pouvoir, après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013, l’Egypte et l’Arabie saoudite entretiennent des relations plus qu’étroites. Riyad a remis le pays à flot, en accordant au gouvernement Sissi une aide financière de plus de quatre milliards de dollars (3,7 milliards d’euros). L’Egypte a, en retour, soutenu son parrain saoudien dans l’offensive qu’il mène au Yémen, en déployant des moyens, notamment maritimes.

Le 1er août, Le Caire a prolongé de six mois le mandat autorisant le déploiement de « certains éléments des forces armées » pour protéger les intérêts nationaux et arabes dans le Golfe, la mer Rouge et le détroit de Bab El-Mandeb. L’acquisition de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) Mistral, qui peut transporter 1 000 soldats, des blindés et des hélicoptères, serait d’une utilité directe dans la guerre au Yémen et dans la perspective d’autres interventions, notamment en Libye, où l’intervention d’une force arabe pourrait être envisagée.

La réunion bilatérale qui s’est tenue entre les présidents Hollande et Sissi dans le bateau qui les ramenait jeudi de la tribune présidentielle au lieu du dîner, à Ismaïlia, a été propice à échanger sur le dossier. En novembre 2014, lors de la visite d’Etat de M. Sissi en France, les deux présidents avaient trouvé un accord de principe sur la vente de 24 Rafale et de la frégate multimission Fremm, finalisée en février. Toutefois, la France ne veut pas se prononcer sur le choix qui sera fait à Paris pour la revente des deux Mistral, au lendemain de l’accord conclu avec la Russie sur l’annulation de la livraison.

Devant la presse, jeudi, M. Hollande a seulement confirmé que les deux bâtiments « suscitent une certaine demande de la part de beaucoup de pays, et il n’y aura aucune difficulté pour trouver preneur ». L’Egypte est un pays intéressé avec qui l’on discute comme avec d’autres, dit-on à l’Elysée.(..).

Accompagné par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, M. Hollande a toutefois réitéré la volonté de la France de « donner à l’Egypte les moyens d’agir, et aussi à la France les moyens d’être protégée ». Après la livraison des premiers Rafale, la coopération entre les deux pays « va se poursuivre et se renforcer. Il y a déjà̀ eu la livraison d’une frégate, il y en aura d’autres, parce que nous avons la volonté́ de faire en sorte que l’Egypte puisse se défendre face au terrorisme », a poursuivi le président français. Lors de la visite du ministre Le Drian au Caire, les 25 et 26 juillet, une offre d’achat de deux corvettes Gowind supplémentaires au groupe DCNS a été discutée, avait alors confié une source diplomatique à l’AFP.
Lire la suite sur le Monde.fr