Le sort de la Syrie sera-t-il scellé ce jeudi à Genève ?

Publié le Jeudi 12 Septembre 2013 à 10:44
Réunions ce jeudi Kerry/ Lavrov à Genève. Reuters & AFP - Les efforts de la diplomatie pour placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international se sont intensifiés mercredi à l'Onu et doivent se poursuivre, ce jeudi, avec la rencontre à Genève entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov.

Les deux hommes ont eu un entretien téléphonique mercredi, a indiqué le département d'Etat, à la veille de leur rencontre destinée à tracer une stratégie pour mettre hors d'état de nuire les armes chimiques aux mains du régime de Bachar al Assad.

Les entretiens de John Kerry et de Sergueï Lavrov devraient durer au moins deux jours, peut-être plus, et le chef de la diplomatie américaine compte aussi s'entretenir avec l'émissaire de l'Onu et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat.

Les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France) se sont retrouvés pendant une demi-heure mercredi en fin d'après-midi à la mission russe aux Nations unies. Ils n'ont fait aucune déclaration à leur sortie, mais, d'après un diplomate du Conseil de sécurité, leurs discussions ont visé à préparer la réunion Lavrov-Kerry.

Un peu plus tôt aux Nations unies, les représentants des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne s'étaient retrouvés pour discuter de projets de résolution sur la Syrie.

Un projet de résolution français appelle à sommer le pouvoir syrien de restituer dans un certain délai ses armes chimiques, faute de quoi il s'exposerait à des mesures punitives, mais Moscou a d'ores et déjà jugé ce texte inacceptable. D'autres projets de résolution sont en discussion et des efforts sont engagés pour trouver un langage commun aux trois puissances occidentales.

A Washington, déclarent des élus du Congrès, le Sénat pourrait commencer à se prononcer dès la semaine prochaine sur une résolution autorisant le recours à la force en cas d'échec des tractations pour trouver une solution pacifique.

Deux diplomates occidentaux ont déclaré s'attendre fortement à ce que le rapport élaboré par l'équipe d'inspecteurs de l'Onu dirigée par le Suédois Ake Sellstrom confirme l'opinion des Etats-Unis d'après lesquels du gaz sarin a été utilisé le 21 août dans la banlieue de Damas.

Le rapport des inspecteurs de l'ONU sur la Syrie attendu lundi
Le rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie sera rendu public "probablement lundi", a déclaré jeudi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. "Il va dire qu'il y a eu un massacre chimique. [...] Il y aura certainement des indications" sur l'origine de ce massacre, commis le 21 août près de Damas et qui a fait des centaines de morts, a-t-il ajouté. "À partir du moment où seul le régime avait les stocks, les vecteurs et intérêt à le faire, on peut tirer la conclusion", a déclaré M. Fabius pour qui la responsabilité du régime de Bachar el-Assad ne fait pas de doute, alors que le président russe Vladimir Poutine a accusé les rebelles d'avoir commis ce crime, dans une tribune au New York Times.

"Ce n'est pas la réalité. C'est une version que développent les Russes depuis très longtemps. [Poutine] est dans son jeu", a indiqué M. Fabius. Le ministre a encore affirmé que "la semaine prochaine, on aura une vraie idée [sur le fait] de savoir, quelles que soient les intentions initiales, si [l'arsenal chimique de la Syrie] peut être contrôlé ou pas", comme l'ont proposé les Russes. Laurent Fabius a dit s'être entretenu avec le secrétaire d'État américain John Kerry avant que celui-ci ne rencontre jeudi dans la journée son homologue russe Sergueï Lavrov à Genève.