Le renseignement américain "très pessimiste" sur l’Afghanistan

Publié le Vendredi 12 Mai 2017 à 13:32
AFP - Le coordonateur national du renseignement américain Dan Coats s'est montré très pessimiste jeudi sur l'évolution de la situation en Afghanistan, alors que la Maison-Blanche envisage un renforcement des effectifs militaires américains sur place.

L’Australie étudie également une demande de l’Otan portant sur l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, a déclaré ce vendredi le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull.

Sans préciser le détail de la demande de l’Organisation de l’Atlantique nord, le Premier ministre Malcolm Turnbull, qui s’exprimait devant la presse à Sydney, s’est dit « ouvert » à l’idée de l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan.

La situation politique et sécuritaire en Afghanistan va presque certainement se détériorer tout au long de 2018, même avec une modeste augmentation de l'aide militaire des États-Unis et de leurs partenaires» de l'OTAN, a estimé M. Coats devant le Congrès.

«Les talibans continueront probablement à enregistrer des gains, spécialement dans les zones rurales», a ajouté M. Coats, qui présentait le rapport annuel du renseignement américain sur les menaces mondiales. «La performance des forces de sécurité afghanes va probablement se dégrader, du fait des opérations des talibans, de pertes au combat, de désertions, d'une logistique peu performante, et de faiblesses de commandement», a-t-il ajouté.

Après des années de décrue de ses effectifs en Afghanistan, l'OTAN envisage d'inverser la tendance et d'envoyer à nouveau plusieurs milliers de soldats supplémentaires pour venir en aide au gouvernement de Kaboul, qui ne parvient pas à endiguer les assauts des talibans.

L'OTAN dispose pour l'instant d'une force d'environ 13 300 hommes, dont plus de la moitié américains, pour former et conseiller les forces de sécurité afghanes.

Le directeur du renseignement militaire américain, le général Vincent Stewart, a souligné que l'OTAN et les États-Unis devaient se résoudre à ré-augmenter leurs effectifs militaires en Afghanistan, sous peine de perdre le fruit des efforts déjà faits.

«A moins que nous ne changions quelque chose (...) la situation va continuer à se détériorer et nous allons perdre tous les gains que nous avons enregistrés ces dernières années», a-t-il déclaré devant les sénateurs.

Selon des responsables américains, l'OTAN et les États-Unis utiliseraient les nouveaux effectifs pour renforcer l'encadrement de l'armée afghane, en envoyant les conseillers militaires plus près des combats. Des conseillers de l'OTAN seraient dépêchés auprès des commandants des brigades, voire des «kandaks», les bataillons d'environ 600 hommes qui sont l'unité de base de l'armée afghane.

Ils auraient pour mission d'assurer une meilleure coordination entre les troupes au sol et les autres unités comme l'artillerie, le renseignement, ou le soutien rapproché des avions et des hélicoptères.

D'une manière générale, l'Afghanistan aux prises avec une situation économique très difficile «aura du mal à réduire sa dépendance à l'aide extérieure sauf s'il parvient à réduire l'insurrection» des talibans «ou à conclure un accord de paix», a estimé Dan Coats.

Dan Coats est le coordonnateur national du renseignement américain (DNI) nommé par Donald Trump après son arrivée au pouvoir. Son rôle est de coordonner l'activité de toutes les agences de renseignement américaines, dont la CIA et la NSA.

Depuis leur entrée en Afghanistan en 2001 après les attentats du 11 Septembre, les États-Unis y ont déboursé des centaines de milliards de dollars en dépenses militaires et de reconstruction, et y ont perdu au combat près de 2400 militaires.