Le prince héritier saoudien lance une mise en garde à l’Iran avant sa visite aux States

Publié le Jeudi 15 Mars 2018 à 17:21
AFP - Avant sa première visite auprès de son allié Donald Trump, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a durement mis en garde l'Iran, bête noire commune du royaume sunnite et des Etats-Unis.

"L'Arabie saoudite ne veut pas se doter d'une arme nucléaire, mais si l'Iran développe une bombe nucléaire, nous suivrons la même voie le plus vite possible, sans l'ombre d'un doute", a-t-il prévenu dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CBS, qui a rendu publics des extraits jeudi avant de la diffuser dimanche dans son intégralité.

Sa mise en garde intervient alors que l'Arabie saoudite, qui veut sortir de sa dépendance au pétrole, vient d'accélérer son programme nucléaire civil, alimentant les inquiétudes sur les risques de prolifération au Moyen-Orient.

L'homme fort de Ryad, âgé de 32 ans, qui veut offrir un visage de modernisateur dans un pays qui applique une version rigoriste de l'islam, est attendu de lundi à jeudi à Washington pour sa première visite aux Etats-Unis depuis qu'il a été nommé prince héritier en juin par son père, le roi Salmane. Le principal temps fort sera sa rencontre mardi avec Donald Trump, qui ne tarit pas d'éloges sur "MBS".

Depuis son arrivée à la Maison Blanche début 2017, le président américain a renforcé l'alliance avec Ryad, où il s'est rendu en mai pour son premier voyage officiel à l'étranger.

Il ne semble pas prêter l'oreille aux critiques visant les purges menées par le roi et son fils au nom de la lutte anticorruption, le rôle saoudien dans la guerre au Yémen, les ingérences dans la politique libanaise ou encore la crise déclenchée en juin avec le Qatar, autre proche partenaire de Washington.

C'est qu'un ennemi commun, au Moyen-Orient, rapproche les dirigeants des deux pays: l'Iran chiite.

Donald Trump menace de quitter l'accord historique conclu en 2015 avec Téhéran pour l'empêcher de se doter de l'arme atomique, jugeant que ce texte signé également par la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne n'est pas assez strict, et qu'il ferme les yeux sur le programme balistique iranien et sur le rôle "destabilisateur" de l'Iran dans la région.

Il a donné à ses alliés européens et au Congrès américain jusqu'à mi-mai pour trouver d'hypothétiques solutions pour remédier aux "défauts" de l'accord, faute de quoi il promet de le "déchirer". Les négociations continuent à un rythme soutenu entre Européens et Américains, sans que l'on sache à ce stade si elles ont une chance d'aboutir.