Le PDG d’Orange en Israël pour exclure toute intention de s’en retirer

Publié le Jeudi 11 Juin 2015 à 15:13
AFP - Le PDG du groupe français de téléphonie Orange est arrivé jeudi en Israël pour tenter de clore la vive controverse provoquée par ses propos sur un retrait de ce pays en proie à un intense débat sur les initiatives de boycott dirigées contre lui. Stéphane Richard devait au cours de ces deux jours en Israël rencontrer des responsables politiques ainsi que des salariés d'Orange, a indiqué le groupe à l'AFP sans préciser s'il s'entretiendrait le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Ce déplacement aux confins de l'économie, de la diplomatie et de la politique, vise à dissiper la tempête causée en Israël par les propos tenus par M. Richard lui-même le 3 juin au Caire. Il a provoqué une levée de boucliers en affirmant que son groupe retirerait sa marque d'Israël « demain matin » s'il ne s'exposait pas à de gros risques de demande de dédommagement de la part de l'opérateur israélien Partner. Orange n'est pas opérateur en Israël, mais permet à Partner d'utiliser sa marque et son image en vertu d'un contrat de licence courant jusqu'en 2025.

Le projet de désengagement de la marque a été instantanément interprété en Israël comme motivé politiquement et relevant de ce qui est dénoncé par une partie des Israéliens comme une vaste campagne de pressions internationales, de boycott et de délégitimation de l'État israélien. Ces questions dominaient déjà l'agenda israélien avant les déclarations de M. Richard.
Partner n'opère pas seulement en Israël, mais aussi dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée, malgré le caractère illégal de la colonisation aux yeux de la communauté internationale. Pour une bonne part de l'opinion israélienne, M. Richard cherchait à dissocier Orange des activités de Partner.

Les relations entre Orange et Partner en Cisjordanie avaient été critiquées dans un rapport publié en mai par une coalition de deux syndicats et cinq ONG. M. Richard s'est employé depuis le 3 juin à réparer les dégâts. Il a certifié à plusieurs reprises que le projet de retrait de la marque n'avait aucune raison politique, mais visait seulement à appliquer à Israël la stratégie globale de maîtrise totale de la marque. Israël est le pays au monde où le groupe a un contrat de marque avec une entreprise qui n'est pas une filiale.

S'exprimant dans la presse israélienne et même dans une lettre adressée à la ministre adjointe des Affaires étrangères Tzipi Hotovely (que le ministère israélien ne s'est pas privé de rendre publique), M. Richard a affirmé qu'il n'était pas question de se retirer d'Israël. Au contraire, Orange maintient « son engagement vis-à-vis d'Israël » par l'intermédiaire d'un programme d'accélérateur de start-up et de deux filiales, a écrit M. Richard à Mme Hotovely.

Orange ne peut pas utiliser sa propre marque en Israël dès lors qu'il agit en son nom propre, du fait du contrat avec Partner. Le laboratoire d'Orange à Tel-Aviv est ainsi le seul au monde à ne pas s'appeler Orange Lab, mais Israel Lab.
 
"Orange ne soutient aucune forme de boycott en Israël ni ailleurs dans le monde », a écrit M. Richard à Mme Hotovely dans son courrier en anglais. Mme Hotovely avait sèchement réclamé des explications à M. Richard. Le Premier ministre israélien s'en était mêlé. « On ne pardonnera pas ce drame absurde », avait-il promis. M. Netanyahu avait appelé le gouvernement français à « publiquement rejeter les déclarations et les agissements malheureux d'une compagnie dont il est en partie propriétaire ». La polémique avait poussé le chef de la diplomatie française Laurent Fabius à une mise au point pour affirmer que la France, tout en étant contre les colonisations de territoires palestiniens, était opposée à tout boycott. Un responsable israélien avait indiqué sous le couvert de l'anonymat que le gouvernement s'était opposé à ce que M. Richard rencontre l'ambassadeur israélien à Paris pour apaiser les esprits et préférait que le patron d'Orange fasse le déplacement en Israël.

Le groupe a accepté le voyage qui permettrait à M. Richard « de clarifier ce malentendu (...) et d'apporter toutes les précisions nécessaires pour mettre un terme à cette polémique et y réaffirmer l'engagement du groupe ».