Jamal Khashoggi a été victime d'un meurtre "prémédité" et "sauvage" (Erdogan)

Publié le Mardi 23 Octobre 2018 à 11:21
Dernière mise à jour, le Mardi 23 Octobre 2018 12:28
Reuters & AFP - Le président turc Recep Tayyip Erdogan, détaillant les résultats de l'enquête sur la mort de Jamal Khashoggi, a déclaré mardi que des preuves solides tendaient à démontrer que le meurtre du journaliste et dissident saoudien, le 2 octobre dernier à l'intérieur du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, a été planifié.
   
Il a révélé que trois agents saoudiens étaient arrivés en Turquie la veille de la disparition du journaliste.
 
Le trio, a-t-il ajouté, s'est rendu dans une forêt proche d'Istanbul ainsi qu'à Yalova, une ville située sur la mer de Marmara, à 90 km au sud d'Istanbul, deux sites où la police turque, qui n'a toujours pas retrouvé le corps de Khashoggi, a procédé à des fouilles.

"La conscience internationale ne sera apaisée que lorsque toutes les personnes impliquées, des exécutants aux commanditaires, auront été punies", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours devant le groupe parlementaire de son parti.

"C'est à Istanbul que se sont déroulés les faits. Par conséquent, je propose que les 18 suspects soient jugés à Istanbul. La décision appartient (au gouvernement saoudien), mais c'est ma proposition, ma demande", a-t-il ajouté.

Les agents envoyés par Ryad ont ainsi effectué des repérages dans la ville, notamment dans une forêt, avant le meurtre, et le circuit de vidéosurveillance du consulat avait été "désactivé" le matin même, a indiqué M. Erdogan, confirmant des informations publiées ces derniers jours par les médias turcs.

M. Erdogan n'a toutefois pas précisé sur quels éléments il basait ses affirmations, ne mentionnant à aucun moment d'éventuels enregistrements audio ou vidéo dont la presse turque et certains responsables turcs font état depuis le début de l'enquête.

"A ce stade, tous les éléments et preuves qui ont été découverts indiquent que Jamal Khashoggi a été victime d'un meurtre sauvage", a-t-il ajouté.

Il a aussi affirmé que les preuves confirmaient le caractère "prémédité" du meurtre, contrairement à la version saoudienne selon laquelle Khashoggi a été tué lors d'un interrogatoire qui a mal tourné.

Après avoir fait un bref point sur l'enquête, M. Erdogan a énuméré plusieurs questions qui restent sans réponse.

"Pourquoi le corps (de Khashoggi) est-il toujours introuvable ?", a notamment demandé le président turc, exigeant en outre de savoir "qui a donné les ordres" aux tueurs.

M. Erdogan, dont le pays entretient des relations complexes avec l'Arabie saoudite, un rival diplomatique mais aussi un important partenaire économique, a paru soucieux d'épargner le roi Salmane, se disant "confiant" dans le fait que ce dernier coopérerait avec la Turquie dans l'enquête.

Erdogan a par ailleurs confirmé que quinze Saoudiens étaient arrivés à Istanbul le jour même de la disparition de Khashoggi. Il a ajouté que les caméras de sécurité installés à l'intérieur du consulat avaient été démontées.
 
Les 18 interpellations auxquelles les autorités saoudiennes disent avoir procédé correspondent aux informations du renseignement turc, a poursuivi le président turc lors d'une rencontre avec les élus de son parti, l'AKP, au Parlement.

Erdogan, qui a dit ne pas douter de la sincérité du roi Salman d'Arabie, a déclaré qu'imputer le meurtre de Khashoggi à des membres du renseignement ne le satisferait pas et a demandé que les suspects soient jugés à Istanbul.