L’auteur de l’attentat de Strasbourg abattu par la police

Publié le Vendredi 14 Décembre 2018 à 09:37
AFP - L’auteur de l’attentat contre le marché de Noël à Strasbourg, Chérif Chekatt, traqué par des centaines de policiers depuis deux jours, a été abattu hier soir par les forces de l’ordre dans cette ville frontalière de l’Allemagne, dans l’est de la France. Le criminel a été tué dans le quartier du Neudorf, au sud de la ville, là où il a grandi et où sa trace s’était perdue mardi, après son équipée sanglante, et où un très important dispositif de police avait été déployé hier soir. « Il a tiré sur une équipe de policiers de sécurité publique qui a riposté », a indiqué à l’AFP une source policière.

Mardi soir, cet ancien détenu au passé judiciaire lourd, signalé pour sa radicalisation islamiste en prison, avait pénétré dans le centre historique de la ville au milieu du marché de Noël. Criant « Allah Akbar », selon des témoins, il avait ouvert le feu à plusieurs reprises sur les passants, en frappant d’autres à coups de couteau, tuant trois personnes, dont un touriste thaïlandais, et en blessant 13. Après des échanges de tirs avec des militaires, qui l’ont blessé au bras, il avait réussi à s’enfuir en prenant un taxi pour se rendre dans un quartier proche, le Neudorf, où a eu lieu un nouvel échange de tirs avec la police, avant qu’il ne disparaisse.

Plus de 700 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour le retrouver et les polices allemande, suisse et luxembourgeoise étaient aussi en alerte. L’avis de recherche des policiers français décrivait un « individu dangereux » de 1,80 m, à la « peau mate », avec une «marque sur le front».

Né à Strasbourg et fiché « S » (« Sûreté de l’État ») pour sa radicalisation islamiste, Cherif Chekatt, 29 ans, avait été condamné à 27 reprises en France, Allemagne et Suisse pour des faits de droit commun. « Il a déjà été incarcéré à de multiples reprises et était connu de l’administration pénitentiaire pour sa radicalisation et son attitude prosélyte en 2015 », a rappelé le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. L’assaillant était inscrit au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et faisait l’objet d’un suivi par les services de renseignements intérieurs, a-t-il ajouté. Il devait être interpellé par les gendarmes mardi matin, dans le cadre d’une enquête de droit commun, le jour de la fusillade donc, mais a échappé à cette arrestation. La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête.

Cinq des proches de Chérif Chekatt ont été placés en garde à vue : ses parents et deux de ses frères dès mercredi, et un autre membre de son entourage jeudi. D’après plusieurs sources, un autre frère, fiché S, a été interpellé en Algérie.

La vie reprenait doucement à Strasbourg hier, où les écoles – fermées la veille – ont été rouvertes. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé que le marché de Noël, qui attire chaque année deux millions de touristes, rouvrira aujourd’hui.

Après cette attaque, le gouvernement a rehaussé à « urgence attentat », soit son niveau maximal, le plan national de lutte contre le terrorisme Vigipirate.

Le président du Centre d’analyse du terrorisme, Jean-Charles Brisard, a noté l’apparition d’un « terrorisme de plus en plus de proximité ». « Jusqu’à récemment, on frappait à Paris, parce que c’est symbolique. En majorité, les terroristes frappent désormais en province », analyse-t-il.

La France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d’attentats jihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015, sans compter la fusillade de Strasbourg.