Laurent Fabius en visite de réconciliation en Iran

Publié le Mercredi 29 Juillet 2015 à 10:25
Reuters - Laurent Fabius a entamé mercredi une visite de réconciliation en Iran, deux semaines après l'accord sur le nucléaire qui, espère la France, ouvrira des perspectives pour la coopération économique et le règlement des conflits au Moyen-Orient.

Le ministre français des Affaires étrangères a entamé ses discussions à Téhéran avec son homologue Mohammad Javad Zarif. Il devait rencontrer le président Hassan Rohani durant cette visite d'une journée, ainsi que le ministre de l'Industrie Reza Nematzadeh et le responsable de l'Agence de protection de l'environnement, Masoumeh Ebtekar, notamment.

Laurent Fabius est porteur d'une lettre d'invitation de François Hollande à l'intention du président iranien, pour une visite officielle en France en novembre.

"Relance" et "respect" président à la visite du chef de la diplomatie, la première d'un ministre français depuis 2005.

"Les choses vont pouvoir, nous l'espérons, changer", a déclaré Laurent Fabius à des journalistes. "De part et d'autre, nous souhaitons développer nos relations pour leur donner un nouveau cours".

Le ministre français a insisté en parallèle sur le nécessaire respect de l'accord du 14 juillet sur le programme nucléaire iranien. "Il importe du côté iranien, comme du côté français et des autres pays, que ses clauses soient respectées".

Dans une interview publiée mercredi dans Le Parisien, le ministre des Affaires étrangères juge que Téhéran se retrouve "en situation de pouvoir jouer ou non un rôle d'apaisement et de retrouver ou non sa pleine place dans le concert international". Le dossier syrien devrait ainsi être évoqué mercredi.

Allié indéfectible du régime de Bachar al Assad, Téhéran apporte à Damas un appui militaire et une aide économique dans sa guerre contre les groupes rebelles qui a fait plus de 220.000 morts depuis mars 2011 selon l'Onu.

Début juillet, l'Iran aurait encore débloqué une nouvelle ligne de crédit d'un milliard de dollars pour Damas.

"L'Iran doit être un pays qui apporte des solutions", a estimé François Hollande lundi soir devant la presse présidentielle, citant le Liban, la Syrie, le Yémen et Bahreïn.

Autre enjeu de cette visite-éclair : faire regagner à la France les positions perdues ces dernières années sur le marché iranien sous l'effet des sanctions infligées à Téhéran.

Les échanges commerciaux entre Paris et Téhéran ont fondu en dix ans, passant de 3,7 milliards d'euros à 550 millions d'euros, et Paris espère désormais retrouver son rang malgré la concurrence chinoise et américaine.

"Nos industriels travaillent ensemble depuis longtemps", souligne Laurent Fabius. "Les technologies et les produits français sont reconnus : nous savons qu’ils répondent aux attentes des consommateurs et des entrepreneurs iraniens.

Laurent Fabius a confirmé la visite fin septembre à Téhéran d'une délégation de chefs d'entreprise sous l'égide du Medef.

"La compétition sera rude, mais nos entreprises ont des atouts à faire valoir. En particulier dans l'automobile, le transport aérien, le domaine de l'énergie, la santé ou l'agroalimentaire", déclare-t-il dans Le Parisien.

La visite française, à l'invitation de Téhéran, irrite dans les milieux conservateurs iraniens qui dénoncent la "ligne dure" défendue par Paris lors des négociations sur le nucléaire.

"Les critiques contre Fabius s'adressent à la France. Laurent Fabius, c'est la France", a prévenu François Hollande lundi soir. "Et la manière avec laquelle il sera accueilli sera pour nous aussi une évaluation du comportement de l'Iran."

Des photos de l'arrivée de Laurent Fabius à l'aéroport Mehrabad de Téhéran circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants protestant contre la venue du ministre français. Sur des tracts dépeignant un tapis rouge ensanglanté, on peut lire : "Nous ne pardonnerons ni n'oublierons".