La version de Chalghoumi sur son agression en Tunisie contestée

Publié le Lundi 02 Septembre 2013 à 16:07
Hassen Chalghoumi lemonde.fr - L'imam de Drancy (Seine-Saint-Denis) Hassen Chalghoumi a dénoncé dimanche 1er septembre au soir son agression et celle de sa famille près de Tunis, expliquant avoir été violemment frappé et insulté par un homme en raison de sa proximité avec la communauté juive. Une version contestée par l'avocat de la personne détenue par la police tunisienne pour cette agression.

L'imam a raconté que son agresseur l'avait suivi alors qu'il regagnait dimanche avec son épouse et deux de leurs enfants leur hôtel à Gammarth, en Tunisie, où ils se trouvent en vacances. "Il m'a insulté, m'a traité de sioniste, de collaborateur. Il m'a donné un coup de poing dans le cœur. En quelques secondes, il m'a mis à terre", a expliqué l'imam, cible de violentes critiques, relayées sur Internet, pour ses prises de position contre la burqa et contre les manifestations pro-palestiniennes et pour ses rapports d'amitié avec la communauté juive.

Il a précisé que l'agresseur, qui s'est adressé à lui en français, s'en est aussi pris à sa femme et à ses enfants, qui ont reçu des coups, avant que l'homme ne soit maîtrisé par le service de sécurité de l'hôtel puis interpellé par des policiers. "C'est un vrai choc", a commenté l'imam.
Une version contestée par Me Pascal Garbarini, l'avocat de la personne arrêtée pour agression. Joint par le Monde.fr, il assure que son client, prénommé Karim, un étudiant français de 24 ans sans antécédents judiciaires et résidant à Genève, n'a pas agressé Hassen Chalghoumi. "Il a croisé l'imam dans le hall de l'hôtel, où il est actuellement en vacances, raconte-t-il. Il l'a reconnu et lui a dit : 'Cher monsieur, je ne partage pas du tout vos idées. Est-ce que vous voudriez que nous en parlions ?", ajoutant : 'Si vous êtes aussi intelligent que ça, vous n'êtes pas le bienvenu ici'."

"L'imam s'est levé et a eu un geste pour pousser mon client, poursuit Me Pascal Garbarini. Celui-ci, qui pratique des arts martiaux, l'a bloqué et l'a mis à terre. Il n'y a eu aucun coup." L'avocat dénonce "l'attitude irresponsable" de l'imam de Drancy, qui a cherché, selon lui, à "instrumentaliser une situation". Il s'étonne par ailleurs que l'imam ait refusé toute confrontation et que "l'ambassade de France ait pris parti pour une personne contre une autre sans s'enquérir des faits". "Il n'y a pas deux catégories de Français !", s'insurge-t-il.

M. Chalghoumi, qui était sorti dimanche soir, ainsi que ses proches, de l'hôpital où ils ont été soignés, a précisé que le ministre de l'intérieur français, Manuel Valls, l'avait appelé et lui avait "demandé de ses nouvelles". Interrogé par l'AFP dimanche soir, le ministère de l'intérieur n'était pas immédiatement en mesure de confirmer cet appel évoqué par l'imam. L'ambassade de France à Tunis a affirmé ne pas être informée de cette agression à Gammarth. "C'est suite à l'appel à l'ambassade de France que la police a décidé de retenir mon client", estime Me Pascal Garbarini.

Habituellement escorté en France par le service de protection des hautes personnalités (SPHP), M. Chalghoumi a expliqué que les policiers n'avaient pu le suivre pendant ses vacances car "la Tunisie ne voulait pas qu'ils entrent [dans le pays] armés".