La Turquie suspend ses relations au plus haut niveau avec les Pays-Bas

Publié le Mardi 14 Mars 2017 à 11:28
Recep Tayyip ErdoganBelga - Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé lundi la chancelière allemande Angela Merkel de "soutenir les terroristes", nouvelle escalade dans le conflit opposant Ankara à plusieurs pays européens. Parallèlement, Ankara a annoncé qu'elle porterait le cas néerlandais devant la CEDH et qu'elle suspendait ses relations au plus haut niveau avec La Haye.

"Mme Merkel, pourquoi cachez-vous des terroristes dans votre pays ? Pourquoi n'agissez-vous pas ? ", a lancé M. Erdogan lors d'une interview télévisée, accusant Berlin de n'avoir pas donné suite à 4.500 dossiers sur des terroristes présumés envoyés par Ankara. "Mme Merkel, vous soutenez les terroristes".

Angela Merkel a jugé "aberrantes" les accusations du président turc Recep Tayyip Erdogan selon qui la chancelière allemande "soutient les terroristes", et elle refuse la surenchère, selon son porte-parole Steffen Seibert lundi soir.

"La chancelière n'a pas l'intention de participer à un concours de provocations", a-t-il indiqué. "Elle n'y participe pas", a-t-il ajouté. "Ces reproches sont manifestement aberrants", a conclu M. Seibert dans une très courte déclaration écrite, alors que les tensions entre Ankara et plusieurs pays européens sont très vives.

La Turquie accuse l'Allemagne de donner refuge à des militants de la cause kurde et à des suspects recherchés pour le coup d'Etat manqué du 15 juillet dernier.

M. Erdogan a également critiqué Mme Merkel pour son soutien au Premier ministre néerlandais Mark Rutte dans la crise diplomatique avec Ankara.

La Haye a refusé de laisser des ministres turcs participer à des meetings dans le pays pour inciter les Turcs de la diaspora à voter "oui" au référendum du 16 avril sur le renforcement des pouvoirs présidentiels.

Les autorités allemandes ont aussi empêché la semaine dernière la tenue de tels meetings, provoquant la fureur d'Ankara alors que les motifs de tensions étaient déjà nombreux entre ces deux pays qu'unit notamment une diaspora turque de 3 millions de personnes.

Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi qu'il porterait les mesures prises par les autorités néerlandaises contre des officiels turcs auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. Les Pays-Bas devront rendre des comptes, a-t-il averti, en précisant que la Turquie examinerait les possibilités de sanctions diplomatiques qui s'offraient à elles.

Les Pays-Bas ont refusé le week-end passé l'accès à leur territoire à deux ministres turcs qui voulaient faire campagne en faveur du "oui" au referendum du président Erdogan.

Une réunion du gouvernement d'Ankara était prévue lundi soir. Le gouvernement turc y examinera de possibles mesures de rétorsion contre les Pays-Bas.

Plus tard dans la soirée, le vice-Premier ministre turc a déclaré que la Turquie refusera le retour de l'ambassadeur néerlandais tant que les Pays-Bas ne se rendront pas aux conditions posées par Ankara pour résoudre la crise diplomatique entre les deux pays.

"Il a été décidé que jusqu'à ce que les conditions que nous avons posées soient remplies, l'ambassadeur néerlandais ne sera pas autorisé à revenir", a déclaré M. Numan Kurtulmus après une réunion du conseil des ministres, ajoutant que la Turquie suspendait ses relations au plus haut niveau avec les Pays-Bas, après l'interdiction faite à des ministres turcs de participer à des rassemblements en faveur du président Recep Tayyip Erdogan aux Pays-Bas.