La tragédie des réfugiés irakiens

Publié le Lundi 16 Avril 2007 à 17:56

AP- De plus en plus de civils irakiens fuient les attentats, enlèvements et autres atrocités commises dans le pays. Face au nombre croissant de réfugiés et déplacés, les représentants d'une soixantaine de pays se retrouvent mardi et mercredi à Genève pour une conférence internationale sous l'égide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

A la veille de cette conférence, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a pressé lundi les Etats-Unis et l'Union européenne notamment de prendre des mesures d'urgence pour éviter une nouvelle crise humanitaire au Moyen-Orient.

D'après les estimations du HCR, environ deux millions d'Irakiens ont fui dans les pays voisins en raison d'une escalade des violences depuis le début de l'offensive américaine en 2003, ou, avant cela, des années de répression sous le régime de Saddam Hussein. Et 1,9 million d'autres ont été déplacés par les violences à l'intérieur de l'Irak.

La plupart des réfugiés ont gagné la Syrie et la Jordanie voisines. Ces pays sont ainsi confrontés à une situation difficile, avec une hausse des prix du logement et des biens. Leur système de santé publique et d'autres services fondamentaux sont exploités au maximum.

"Le Moyen-Orient est sur le point de connaître une nouvelle crise humanitaire si l'Union européenne, les Etats-Unis et d'autres Etats ne prennent pas des mesures urgentes et concrètes pour aider les plus de trois millions de personnes déplacées par le conflit en Irak", prévient Amnesty International dans un communiqué.

Plus de 450 représentants d'une soixantaine de pays et de nombreux travailleurs humanitaires sont attendus à la conférence de Genève, destinée à attirer l'attention sur les besoins humanitaires des réfugiés irakiens et des pays voisins. L'objectif est également d'envisager les moyens de réinstaller ceux qui ne peuvent rentrer.

Le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, à la tête d'une importante délégation irakienne, et des responsables des Nations unies, de la Croix-Rouge et d'autres organisations participeront également à la conférence du HCR.

Le porte-parole du HCR Ron Redmond a expliqué à l'Associated Press qu'immédiatement après l'intervention américaine de 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein, environ 300.000 réfugiés étaient rentrés au pays pour y refaire leur vie. Mais les Irakiens ont été contraints de fuir à nouveau après l'escalade des violences en 2005, dont la plupart après l'attentat de Samarra en février 2006.

L'exode se poursuit sans répit, jusqu'à 50.000 personnes fuyant le pays chaque mois. Elles espèrent ainsi échapper aux violences, à l'absence de services fondamentaux, à l'inflation et à l'incertitude sur leur avenir, selon le Haut Commissariat pour les réfugiés.

Environ 750.000 Irakiens sont venus grossir de 14% la population jordanienne de 5,5 millions d'habitants. Le royaume hachémite a récemment renforcé les conditions d'entrée et de titres de séjour pour les Irakiens, privant de fait nombre d'entre eux d'un statut légal.

En Syrie, la présence de plus d'un million de réfugiés a accentué la concurrence pour les emplois et permis de travail, obligeant bon nombre à accepter un travail mal payé et clandestin, précise le HCR.

Environ 1,9 million d'Irakiens ont dû partir de chez eux mais sont restés en Irak. La plupart vivent dans des conditions déplorables. Depuis le début de l'année dernière, près de 730.000 ont été déplacés par les violences interconfessionnelles.

L'administration américaine s'est récemment défendue de ne pas faire suffisamment pour venir en aide aux réfugiés. Elle a affirmé prendre des mesures pour accélérer leur entrée aux Etats-Unis.