La tension monte entre les USA et la Corée du Nord qui s’est dite prête à la guerre

Publié le Mardi 11 Avril 2017 à 10:50
AFP - La tension grandit entre les États-Unis et la Corée du Nord après la décision de l'administration américaine d'envoyer le porte-avions USS Carl Vinson vers la péninsule coréenne. Le régime de Pyongyang a dénoncé ce mardi 11 avril l'envoi « insensé » d'un groupe aéronaval américain en se disant prêt à la « guerre ». Annoncée dans la foulée de la frappe punitive américaine en Syrie, cette décision a été largement interprétée comme une démonstration de force de l'administration Trump, qui s'est aussi dite prête à se charger « seule » du problème des programmes nucléaire et balistique nord-coréens si Pékin ne faisait pas rentrer dans le rang son turbulent voisin. « Le déploiement insensé américain pour envahir la RPDC a atteint une phase préoccupante », a réagi un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle KCNA, en référence au nom officiel du régime (République populaire démocratique de Corée). « La République populaire démocratique de Corée est prête à réagir, quel que soit le type de guerre voulu par les États-Unis », a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump, qui a surpris la semaine dernière par la rapidité de sa riposte militaire en Syrie, a demandé à ses conseillers « un éventail complet d'options » contre le programme nucléaire de Pyongyang, a annoncé dimanche le conseiller à la sécurité nationale du président américain, le général en exercice H. R. McMaster. Certains experts avaient vu dans la frappe américaine en Syrie un message adressé à Pékin et Pyongyang pour indiquer que la politique de la nouvelle administration consistait à joindre les actes à la parole. Mais la réponse nord-coréenne mardi suggère que le régime de Kim Jong-un n'entend pas changer d'attitude. « Nous prendrons les mesures de contre-attaque les plus fermes contre les provocateurs afin de nous défendre par la voie des armes », a ainsi précisé le porte-parole du chef de la diplomatie de Pyongyang, toujours cité par KCNA. « Nous tiendrons les États-Unis pour totalement responsables des conséquences catastrophiques provoquées par ses actions scandaleuses. »

Samedi, la Corée du Nord avait cherché à montrer qu'elle ne se laisserait pas intimider par les États-Unis en affirmant que la frappe américaine en Syrie prouvait « plus d'un million de fois » la justesse de son programme nucléaire. Pyongyang justifie notamment par la menace américaine ses programmes nucléaire et balistique, qui sont interdits par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. La Corée du Nord, qui veut mettre le territoire continental américain à portée de ses ogives nucléaires, a considérablement accéléré ses recherches, réalisant notamment depuis le début 2016 ses quatrième et cinquième essais nucléaires. De nombreux observateurs redoutent que la Corée du Nord ne prépare un sixième essai nucléaire qui pourrait coïncider avec les célébrations imminentes du 105e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il-sung.

Les manœuvres militaires annuelles conjointes menées actuellement par les États-Unis et la Corée du Sud sont également perçues comme une menace par le régime de Kim Jong-un, pour qui ce ne sont en fait que des préparatifs pour une guerre. Le représentant spécial de la Chine pour la péninsule coréenne, le diplomate Wu Dawei, s'est entretenu lundi à Séoul avec son homologue sud-coréen au sujet du dossier nucléaire. Les deux hommes sont convenus, selon Séoul, de mesures « fortes » dans l'éventualité d'un nouvel essai nucléaire. Ces discussions sont intervenues quelques jours après le premier sommet, en Floride, entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping. Le ministre sud-coréen de l'Unification, Hong Yong-pyo, s'est inquiété des répercussions d'une potentielle action militaire contre la Corée du Nord. « Des frappes préventives sont peut-être destinées à résoudre le problème nucléaire nord-coréen, mais, pour nous, il faut aussi penser à la sécurité de la population », a-t-il dit aux journalistes.