La stratégie militaire anti-Daesh discutée à Paris

Publié le Mercredi 20 Janvier 2016 à 10:49
Reuters - Les ministres de la Défense de sept pays de la coalition de lutte contre l'Etat islamique (EI) se réunissent ce mercredi à Paris pour discuter stratégie militaire et poser les jalons d'une éventuelle "accélération de tempo".

ette rencontre, à laquelle participent les ministres australien, allemand, italien, britannique, néerlandais, américain et français, se tient deux mois après l'intensification des frappes de Paris et Washington contre l'EI dans la foulée des attentats du 13 novembre en France.

"Nous allons voir comment accentuer notre effort et en Irak et en Syrie", a déclaré la semaine dernière le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en confirmant la tenue de cette réunion, une première dans ce format.

Dans son entourage, on précise que cette rencontre sera l'occasion de "vérifier quelles sont les modalités politiques, militaires et matérielles qui nous permettront de remplir notre objectif qui est commun, d'accélération, d'intensification de la campagne contre Daech (acronyme arabe de l'EI-NDLR)".

"Il ne s'agit pas seulement de faire le point, il s'agit de s'assurer d'un accord sur les paramètres de la campagne et le rythme", ajoute-t-on, précisant que les pays conviés mercredi sont les plus engagés militairement dans la lutte contre l'organisation djihadiste.

La France et les Etats-Unis cherchent depuis plusieurs semaines à convaincre leurs partenaires "d'accélérer le tempo" à l'heure où, soulignent-ils, la campagne menée par la coalition internationale commence à "porter des fruits".

A Washington, on insiste notamment sur la nécessité que d'autres partenaires européens comme arabes se mobilisent davantage. Le secrétaire d'Etat à la Défense Ashton Carter devrait répéter cette ligne à Paris.

Sous pression depuis la perte de Sindjar et Ramadi en Irak et par le recul de ses forces dans le nord de la Syrie, l'EI a lancé une offensive ailleurs en Syrie.

A Paris, on fait état de "tensions dans l'organisation, de baisses de rémunérations des combattants, d'effets d'érosion de Daech".

Concernant l'intensification des frappes, leur nombre "peut encore sans doute s'accélérer mais c'est vrai que la coalition fonctionne selon des normes de dommages collatéraux qui sont extrêmement exigeantes", indique-t-on à la Défense.

"Il ne s'agit pas de bombarder tous azimuts mais de répondre à un impératif militaire qui est celui de la désorganisation du commandement et la privation des ressources économiques de Daech".

"On verra s'il y a besoin de la mobilisation de moyens supplémentaires", ajoute-t-on. "Ce n'est pas exclusivement en nombre d'avions mais aussi en nombre de formateurs pour accélérer la montée en puissances des forces locales qui reprennent du terrain à Daech".

Au total, 15.000 soldats irakiens ont été formés par la coalition à la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED), armes de prédilection de l'EI qui fait des ravages dans les rangs irakiens.

Le rôle de la Turquie et de la Russie pourrait également être évoqué.

Moscou, allié de Damas, est toujours accusé par l'Occident de concentrer ses frappes sur les opposants à Bachar al Assad et de limiter ses bombardements sur l'EI, ce que la Russie dément.

La Turquie, qui a rejoint la coalition militaire l'été dernier contre l'EI, est elle appelée notamment par Washington et Paris à fermer la partie de sa frontière longeant le territoire syrien occupé par l'EI.

La fermeture de cet accès "fait partie des objectifs que nous devons poursuivre dans les mois qui viennent", dit-on à Paris.