La police des polices saisie sur la sécurité à Nice

Publié le Jeudi 21 Juillet 2016 à 11:46
Reuters - La polémique sur les mesures de sécurité mises en place sur la promenade des Anglais de Nice, où 84 personnes ont été tuées dans une attaque au camion lors des festivités du 14 juillet, a incité jeudi le gouvernement à ouvrir une enquête interne.

Sous le feu des critiques, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé qu'il allait demander à la "police des polices" une évaluation technique du dispositif de sécurité mis en place lors du feu d'artifice.

Christian Estrosi, le premier adjoint au maire Les Républicains, qui avait réclamé la saisie de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), s'est aussitôt félicité sur Twitter de la décision du ministre de l'Intérieur.

La question des moyens déployés le soir de l'attaque commise par Mohamed Lahouaiej Bouhlel au volant de son camion fait l'objet depuis une semaine d'une vive polémique entre l'opposition de droite et le gouvernement.

Alors que plusieurs familles de victimes ont annoncé leur intention de porter plainte contre l'Etat, voire la municipalité, Libération dénonce dans son édition de jeudi "des failles et un mensonge" du gouvernement.

La préfecture a indiqué dès le 16 juillet que la mission de sécurisation de la zone piétonne avait été confiée à la police nationale, renforcée par des équipages de la police municipale, une version démentie par le quotidien.

"Contrairement à ce qu'a affirmé le ministère de l'Intérieur, l'entrée du périmètre piéton de la promenade des Anglais n'était pas protégé par la police nationale le 14 juillet au soir", écrit le quotidien.

Photo à l'appui, il affirme que cette entrée n'était surveillée que par deux agents municipaux, les agents de la police nationale ayant été "relevés aux alentours de 20h30 par leurs collègues municipaux".

Dans un communiqué publié dans la nuit, le ministre de l'Intérieur s'est indigné de ces "contre-vérités".

Bernard Cazeneuve dénonce des "procédés qui empruntent aux ressorts du complotisme" et qui "laissent penser que le préfet des Alpes-Maritimes, le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre auraient cherché à travestir la vérité".

Libération affirme que sa photo montre l'accès à la zone piétonne situé boulevard Gambetta, la Prom'Party.

Le ministre de l'Intérieur explique pour sa part qu'il y avait en réalité deux barrages et que la police municipale se trouvait sur celui situé bien en amont.

A quelque 400 mètres de distance de la Prom'Party elle-même, avait été installé "un premier point de déviation de la circulation", explique-t-il dans son communiqué.

Celui-ci était effectivement tenu par la police municipale qui avait "comme prévu relevé la police nationale" vers 21h00. "Ce premier barrage a été franchi par le camion du terroriste en passant par le trottoir", ajoute le ministère.

En revanche, "l'accès à la zone piétonne de la Prom'Party sur la promenade des Anglais était sécurisé par un barrage de la police nationale, deux voitures stationnées sur la chaussée et six fonctionnaires", affirme-t-il.

Selon le ministère, ces policiers sont les premiers intervenants face au camion meurtrier. "Trois d'entre eux l'ont poursuivi, contribuant à sa neutralisation en moins de deux minutes".
Critiqué par l'opposition depuis une semaine, le ministre de l'Intérieur a exclu mercredi toute démission".

En saisissant l'IGPN d'une évaluation technique du dispositif de sécurité et d’ordre public, Bernard Cazeneuve entend convaincre de la réalité de ce dispositif, qui a été validé selon lui par la municipalité.

"Cette saisine s’inscrit dans une démarche de transparence et de vérité due aux victimes et à leurs familles, qui a toujours été celle du gouvernement après le terrible attentat de Nice", ajoute-t-il.

Selon Libération, Mohamed Lahouaiej Bouhlel a commencé son carnage bien avant le premier barrage de déviation, des agents municipaux signalant son passage près du Centre universitaire méditerranéen aux alentours de 22h33.

Au moment où les policiers en faction au niveau du boulevard Gambetta sont alertés, le chauffeur est quasiment sur eux et ils n'ont pas le temps de faire usage de leur pistolet.

Pour le syndicat Alternative police (CFDT), qui dénonce une surenchère médiatico-politique, Bernard Cazeneuve a pris une "sage décision" en saisissant la "police des polices".

 

Commentaires 

 
#1 RE: La police des polices saisie sur la sécurité à Nice
Ecrit par Montygolikely     21-07-2016 12:56
Pas la peine de faire tout ce cinéma pour savoir où est la "faille", il suffisait de mettre deux ou trois cars de police en travers de la chaussée et du trottoir pour empêcher tout véhicule de pénétrer la zone piétonne et de faire l'horrible carnage que l'on sait.
Egalement et faute de blocs de bétons disposés en chicane, des "pointes" en acier mises au travers de la chaussée dans le but de crever les pneus de tout véhicule essayant de forcer le barrage auraient pu également être déployées...
 
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