La guerre des mots se poursuit entre Poutine et Erdogan

Publié le Mardi 01 Décembre 2015 à 12:12
AFP & lemonde.fr- La guerre des mots entre Russie et Turquie continue, une semaine après que des chasseurs turcs ont abattu un bombardier Soukhoï russe qui, selon Ankara, était entré dans son espace aérien sans répondre aux mises en garde. Une hypothèse démentie par Moscou, qui assure qu’il s’agissait d’une manœuvre pour attaquer des rebelles syriens hostiles à Bachar Al-Assad et que l’incident a eu lieu dans le ciel syrien.

Le président russe, qui était de passage à Paris lundi 30 novembre pour l’ouverture de la COP21, a refusé d’y rencontrer son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Il a tout de même déclaré, devant la presse, qu’il a « toutes les raisons de penser» que l’attitude d’Ankara dans cette affaire n’avait pour but que de protéger «l’acheminement de pétrole vers le territoire turc » auquel se livre l’organisation Etat islamique (EI).

Ces affirmations ont vraisemblablement piqué au vif le président turc qui a réagi avec grandiloquence, mettant en jeu son mandat et défiant Vladimir Poutine d’en faire autant, en invoquant « le code d’honneur de notre culture [turque] », comme le révèle RFI :

« Si [Vladimir Poutine] a des documents à ce sujet, qu’il les sorte, nous voulons les voir. Chacun sait que la liste des pays qui nous fournissent du pétrole est connue. En revanche, parmi ceux qui font commerce du pétrole de Daech, il y a, selon le trésor américain, un ressortissant russo-syrien, Georges Hachawi […].

Alors, que d’abord il rende des comptes à son sujet. […] Et je vais vous dire quelque chose de courageux : au moment même où une telle chose serait établie […] je quitterais mes fonctions. Mais je demande à Poutine : “Et toi, dans le cas contraire, tu resterais à ton poste” ? »

La Russie a déjà annoncé des mesures économiques de rétorsion à l’encontre de la Turquie, avec des sanctions visant notamment les secteurs du tourisme et de l’agriculture.

Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, qui a obtenu, lundi, la confiance du Parlement, a répété que son pays ne s’excusera pas après l’incident militaire à la frontière turque.
« Aucun premier ministre turc, aucun président, aucune autorité ne s’excusera (…) d’avoir fait son devoir. »

M. Davutoglu a aussi demandé à Moscou de reconsidérer les sanctions économiques, « car elles sont contraires à nos intérêts à tous les deux ».

« Nous sommes prêts à parler, via des canaux diplomatiques et militaires, à la Russie. Nous n’avons aucunement l’intention d’avoir une escalade. »

Tentant visiblement de calmer le jeu, le président américain, Barack Obama, a appelé les deux pays à se concentrer sur « l’ennemi commun », l’organisation Etat islamique (EI), et « réduire les tensions ».