La demande d’aide de la France, après les attentats, acceptée en Europe

Publié le Mardi 17 Novembre 2015 à 15:12
Reuters - Les ministres de la Défense de l'Union européenne réunis à Bruxelles ont répondu positivement à la demande d'aide que la France a formulée en vertu de l'article 42.7 du traité de Lisbonne, après ces attentats qui ont fait au moins 129 morts et sur lesquels l'enquête continue à progresser.

La France a obtenu mardi le soutien de ses partenaires européens dans sa lutte contre le terrorisme, quatre jours après les attentats de Paris qui ont poussé François Hollande à effectuer un virage diplomatique et sécuritaire pour contrer la menace.

Les ministres de la Défense de l'Union européenne réunis à Bruxelles ont répondu positivement à la demande d'aide que la France a formulée en vertu de l'article 42.7 du traité de Lisbonne, après ces attentats qui ont fait au moins 129 morts et sur lesquels l'enquête continue à progresser.

L'article en question n'avait encore jamais été invoqué. "Au cas où un État membre serait l'objet d'une agression armée sur son territoire, les autres Etats membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l'article 51 de la charte des Nations unies", dit-il.

L'aide européenne pourra se traduire par un soutien accru en Syrie, en Irak et en Afrique, a écrit sur Twitter le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui relayait une demande exprimée lundi à Versailles devant le Congrès français.

Si l'Union européenne n'est pas l'Otan, qui dispose d'un article 5 selon lequel une attaque contre un de ses membres est une attaque contre tous, disposition qui n'a pas été invoquée par Paris, cette solidarité s'est déjà exprimée.

Au lendemain des déclarations de François Hollande devant le Congrès - "le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité" -, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a dit que son institution ferait preuve de compréhension.

"Une chose est claire dans les circonstances actuelles, c'est le fait que dans ce moment terrible, la protection des citoyens, la sécurité des citoyens en France et en Europe est la priorité", a dit l'ancien ministre français des Finances lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Le président François Hollande a annoncé lundi un surcroît de dépenses liées à la sécurité, dans un contexte d'incertitude sur l'impact économique des attentats.

Les engagements budgétaires de la France "seront forcément dépassés" du fait des nouvelles dépenses pour la sécurité, a déclaré mardi le Premier ministre, Manuel Valls.

Parallèlement, l'enquête continue de progresser en France mais aussi en Belgique, qui a servi de base pour préparer les attaques dans lesquelles sept djihadistes sont morts, parmi lesquels cinq ont été formellement identifiés.

Deux "planques" utilisées par les auteurs des attentats ont été localisées en Ile-de-France par les enquêteurs français, a-t-on appris de source proche du dossier. Deux suspects ont par ailleurs été inculpés en Belgique tandis qu'un homme de 26 ans, Salah Abdeslam, est toujours activement recherché pour sa participation présumée.

Parallèlement à l'enquête, le gouvernement pousse les feux du renforcement de l'arsenal de lutte contre le terrorisme.

La prolongation de l'état d'urgence pour trois mois et le "toilettage" de la loi de 1955 qui le permet seront examinés jeudi par l'Assemblée nationale et vendredi par le Sénat, a déclaré Manuel Valls.
Sur France Inter, il a dit espérer que la droite se rallierait à ces mesures, n'envisageant pas que des "logiques politiciennes" fassent obstacle à la révision constitutionnelle que souhaite en outre François Hollande.

Nicolas Sarkozy, le président des Républicains (LR), n'est pas par principe opposé à cette révision, ont rapporté mardi des cadres du parti, alors que dans un premier temps, des dirigeants comme Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée, avaient rejeté toute modification de la loi fondamentale.

Cela n'a pas empêché l'ancien président de dénoncer devant ses troupes "le vide abyssal" du discours du chef de l'Etat concernant l'Europe, notamment sur la nécessité de réviser les accords de Schengen sur la libre circulation des personnes.

"Il faut acter le spectaculaire reniement de François Hollande qui a enterré sa politique étrangère et sa politique de sécurité", a poursuivi Nicolas Sarkozy en faisant référence à l'appel lancé par le chef de l'Etat aux Russes pour une "grande coalition" censée lutter contre Daech.

François Hollande se rendra la semaine prochaine à Washington et Moscou pour rencontrer Barack Obama et Vladimir Poutine afin de parvenir à bâtir cette alliance.

Sans attendre, l'armée française a mené de nouvelles frappes dans la nuit de lundi à mardi contre un centre de commandement et un camp d'entraînement de l'Etat islamique autour de Rakka, en Syrie, également frappée par la Russie.