Kolinda Grabar Kitarovic, première femme élue à la tête de la Croatie

Publié le Mardi 13 Janvier 2015 à 11:36
Kolinda Grabar KitarovicAFP - La conservatrice Kolinda Grabar Kitarovic est devenue la première femme chef d’État de la Croatie suite au scrutin présidentiel de dimanche, un vote qui sanctionne l'incapacité des sociaux-démocrates au pouvoir de sortir cette ex-république yougoslave de la crise économique dans laquelle elle est plongée depuis six ans.

Déjouant les pronostics, l'ancienne ministre des Affaires étrangères ((2005-2008), est également à l'âge de 46 ans la première femme des Balkans élue président au suffrage universel. Le Kosovo a une présidente, Atifete Jahjaga, élue par le Parlement.

La victoire de Mme Grabar Kitarovic "s'explique par l'immense insatisfaction face aux autorités et à un gouvernement incapable", écrivait lundi l'influent quotidien Jutarnji List, ironisant sur le fait que le Premier ministre social-démocrate Zoran Milanovic avait fait "cadeau" la présidence du pays aux conservateurs.

"La crise économique a été comme un vent en poupe" pour la candidate conservatrice, a souligné l'analyste politique Zarko Puhovski.

En concédant la défaite, le chef du gouvernement a admis que les piètres performances économiques de son cabinet avaient représenté "un fardeau" pour le président sortant.
Gagnante avec 50,7% de voix, Mme Grabar Kitarovic, 4e chef d’État de la Croatie depuis son indépendance en 1991, a évincé le social-démocrate, Ivo Josipovic, juriste de formation et compositeur de musique classique, qui avant le premier tour, il y a deux semaines, était donné favori.

Candidat de la coalition de gauche au pouvoir (SDP), M. Josipovic a été sanctionné pour son manque de fermeté face à l'incapacité de son gouvernement à redresser l'économie.
"Je vous promets que la Croatie sera un pays prospère et riche, un des pays les plus développés de l'Union européenne et du monde", a assuré la nouvelle présidente qui prendra ses fonctions le 19 février.

Mais la mission ne lui sera pas facile, puisque la fonction présidentielle n'a pas d'attribution dans le domaine économique, mais surtout puisque la réalité est grave et difficile à améliorer rapidement.

Aux termes de la Constitution croate, le président de ce pays de 4,2 millions d'habitants dispose de pouvoirs limités. Il est le commandant suprême des forces armées et gère en commun avec le gouvernement la politique étrangère.

Cette ancienne république yougoslave, indépendante depuis 1991 et devenue en 2013 le 28e et dernier en date des membres de l'Union européenne, est en récession quasiment permanente depuis 2008.

La dette publique y représente près de 80% du PIB. Celui-ci devrait de nouveau reculer en 2014, d'environ 0,5%. Le taux de chômage frôle les 20% et un jeune sur deux est sans emploi.
Les conservateurs de la Communauté démocratique croate (HDZ) entendent profiter de cette situation et se replacer sur la scène politique en vue des élections législatives prévues vers la fin 2015.

M. Josipovic avait été élu en 2010 pour son engagement à enrayer la corruption qui mine le pays.
La nouvelle présidente a appelé ses compatriotes et la classe politique à faire preuve d'unité, mais en réalité elle va devoir cohabiter avec un gouvernement de gauche qui lui est déjà hostile.

Aussitôt après la défaite, le camp social-démocrate s'est employé à rappeler que l'ex-Premier ministre Ivo Sanader et plusieurs ministres du HDZ sont aujourd'hui condamnés à des peines de prison pour corruption.

Les sociaux-démocrates, à l'instar du chef du gouvernement n'ont pas hésité de qualifier le HDZ d'"association criminelle" et ses responsables de "bandits" et ont brandi la menace d'un retour de la corruption dans le pays, si ces derniers devaient remporter les législatives.

Le HDZ avait perdu les précédentes législatives de 2011, affaibli par des scandales de corruption au sommet de l’État et par la situation économique.

Le parti lui-même a été condamné en mars 2014 pour financement illégal lorsqu'il était au pouvoir (2003-2009) et la justice a ordonné la restitution de trois millions d'euros.