Kerry et Lavrov affichent leurs divergences sur la Syrie

Publié le Vendredi 13 Septembre 2013 à 11:01
John Kerry et Sergueï Lavrov. Reuters - John Kerry, chef de la diplomatie américaine, et son homologue russe Sergueï Lavrov ont étalé leurs divergences jeudi dès l'ouverture de leurs discussions sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien qui viennent de s'ouvrir pour deux jours à Genève.

Le premier a rappelé que les Etats-Unis n'avaient toujours pas exclu de recourir à la force en cas d'échec de la voie diplomatique et le second a invité Washington à mettre ses menaces de côté.

"Le président Obama a clairement fait savoir qu'en cas d'échec de la diplomatie, la force pourrait être nécessaire pour dissuader Assad de recourir à ces armes et pour dégrader sa capacité à le faire", a déclaré John Kerry, s'exprimant aux côtés son interlocuteur.

"Nous partons du principe que la solution de ce problème rendra toute frappe contre la République arabe syrienne inutile", a rétorqué ce dernier. "Je suis certain que nos collègues américains, comme l'a dit le président Obama, sont fermement convaincus que nous devons suivre la voie diplomatique pour résoudre le conflit syrien", a ajouté Sergueï Lavrov.

Le secrétaire d'Etat américain n'a par ailleurs pas caché le scepticisme de Washington à l'égard des promesses de Damas, qui s'est engagé à adhérer à la Convention pour l'interdiction des armes chimique, ce qui suppose de fournir dans les 30 jours un inventaire de son arsenal.
"Nous pensons qu'il n'y a rien de standard à ce stade dans ce processus en raison de la façon dont le régime s'est comporté, pas seulement en ce qui concerne l'existence des armes mais parce qu'elles ont été utilisées.

"Il y a beaucoup d'attentes. Elles sont importantes pour les Etats-Unis, peut-être encore plus pour la Russie (...) Il ne s'agit pas d'un jeu et je l'ai dit à mon ami Sergueï quand nous en avons parlé initialement.

"Ce doit être réel. Ce doit être complet. Ce doit être vérifiable. Ce doit être crédible. Ce doit être accompagné d'échéances et mis en œuvre conformément aux échéances et enfin il doit y avoir des conséquences si cela ne se produit pas", a-t-il ajouté.

Un projet de résolution de l'Onu rédigé par la France exige de la Syrie qu'elle dresse l'inventaire de son arsenal chimique dans les 15 jours suivant l'adoption du texte au Conseil de sécurité et brandit la menace de sanctions, y compris militaires, en cas de non respect de ses dispositions, ce qui n'est pas du goût de Moscou.

Interrogé sur ce projet, un membre de la délégation de John Kerry a refusé de dire s'il avait l'aval des Etats-Unis.

"Tout ce que je peux dire, c'est que nous allons parler de contrôle, de vérification et d'application", a-t-il souligné.

"Nous ne pensons pas que les Etats-Unis puissent accepter un texte trop édulcoré parce que, si les politiques (américains) ne sont pas favorables à des frappes, le Congrès voudra quoi qu'il en soit une alternative crédible à ces frappes", a-t-on estimé de source diplomatique française.
John Kerry et Sergueï Lavrov se sont par ailleurs prononcés pour la relance de Genève II, le projet de conférence internationale sur la Syrie dont ils ont lancé l'idée en mai.