Jeff Sessions témoigne devant le sénat sur l’affaire russe

Publié le Mardi 13 Juin 2017 à 08:44
AFP - Après l'ancien directeur du FBI James Comey, place à l'actuel ministre de la Justice des États-Unis, Jeff Sessions. Ce fidèle de Donald Trump témoigne mardi au Sénat américain sur l'affaire russe, dans laquelle il est empêtré.

Cet ancien sénateur de l'Alabama, soutien de la première heure du président républicain, répondra aux questions des sénateurs de la commission du Renseignement à partir de 18h30 GMT, lors d'une audition publique. Contrairement à James Comey, il se retrouve plutôt du côté des accusés que des accusateurs.

Première question pour ce haut responsable du gouvernement Trump: a-t-il rencontré l'ambassadeur russe aux États-Unis, Sergueï Kisliak, plus que les deux fois qu'il a reconnues en mars dernier ?

L'Attorney général s'est vu reprocher de n'avoir pas dit, lors de son audition de confirmation au Sénat en janvier, qu'il avait rencontré pendant la campagne présidentielle le diplomate, dont les contacts avec le général Michael Flynn ont déjà coûté à celui-ci sa place de conseiller à la sécurité nationale.

Après la révélation des deux rencontres, Jeff Sessions s'était récusé de l'enquête menée par le FBI, service se situant hiérarchiquement sous son autorité, sur les ingérences russes et les contacts entre des membres de l'équipe de la campagne Trump et la Russie.

À la surprise générale, le directeur limogé du FBI James Comey a raconté jeudi dernier que de hauts responsables de la police fédérale et lui-même avaient auparavant acquis la conviction que Jeff Sessions serait in fine forcé de se récuser.

«Nous étions également au courant de faits, dont je ne peux pas parler lors d'une audition publique, et qui auraient rendu son implication dans l'enquête liée à la Russie problématique», a-t-il déclaré. Quels sont ces faits ? S'agit-il d'une troisième rencontre, non dévoilée ? Les sénateurs chercheront à le découvrir...

Autre question centrale: est-il ou non intervenu après que James Comey a tiré la sonnette d'alarme en février en lui demandant de ne jamais le laisser seul avec le président Trump ?
L'ancien chef du FBI a raconté qu'à la fin d'une réunion, le 14 février, Donald Trump avait fait sortir tous ses conseillers du Bureau ovale, y compris le ministre de la Justice.

«J'avais le sentiment que le ministre savait qu'il ne devait pas sortir», a relaté M. Comey.
Une fois seul, M. Trump aurait demandé à M. Comey d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, ce que le président conteste.

Après cet épisode, M. Comey dit être allé voir Jeff Sessions pour lui demander de s'interposer à l'avenir entre lui et le président, afin d'empêcher toute interférence politique dans les investigations. Jeff Sessions n'a pas répondu, selon son récit.

«Je peux me tromper, mais son langage corporel semblait dire: qu'est-ce que je peux y faire ?», a raconté l'ancien grand policier.

En outre, malgré sa récusation de l'affaire russe, Jeff Sessions a signé en mai une lettre recommandant au président Trump de limoger James Comey, sous le prétexte initial qu'il avait mal géré l'enquête sur les mails d'Hillary Clinton... une explication qui s'effondra vite, Donald Trump ayant admis que sa décision était liée à l'enquête sur la Russie.

Ultime sujet à l'ordre du jour: Jeff Sessions pourrait être interrogé sur une éventualité insinuée lundi par un ami de Donald Trump, selon qui le dirigeant réfléchirait à se débarrasser du procureur spécial qui supervise depuis mai l'enquête russe, Robert Mueller, justement nommé pour assurer l'indépendance de ces investigations très sensibles.

«Je crois qu'il envisage de peut-être licencier le procureur spécial. Je crois qu'il envisage cette option», a déclaré un confident du milliardaire, Chris Ruddy, patron du groupe de médias conservateurs Newsmax, sur la chaîne PBS.

Le sang des démocrates n'a fait qu'un tour. «Ne gâchez pas notre temps», a prévenu l'élu Adam Schiff, de la commission du Renseignement de la Chambre, en affirmant que le Congrès renommerait illico M. Mueller en cas de limogeage. «Chris parle en son nom», a balayé un responsable de la Maison-Blanche.