Iran : Forte affluence pour l’élection présidentielle, Rohani vs Raissi

Publié le Vendredi 19 Mai 2017 à 11:25
AFP - Les Iraniens votaient en nombre vendredi à l'élection présidentielle, un scrutin crucial pour le sortant modéré Hassan Rohani qui brigue un second mandat pour poursuivre sa politique d'ouverture au monde.

M. Rohani affronte Ebrahim Raissi, un religieux conservateur proche du guide suprême Ali Khamenei, qui se présente comme l'avocat des plus pauvres et veut donner la priorité à "l'économie de résistance", axée sur la production et les investissements nationaux.

A Téhéran comme en province, l'affluence était forte dès l'ouverture des bureaux devant lesquels se formaient de longues files d’attente, selon l'AFP et les images de la télévision nationale Irib.

Le taux de participation, qui était la grande inconnue du scrutin, devrait dépasser les 72%, selon le ministère de l'Intérieur qui l'organise.

"La participation enthousiaste des Iraniens à l'élection renforce la puissance et la sécurité nationales", a déclaré le président Rohani après avoir voté dans la matinée à Téhéran, baignée de soleil.

Selon lui, "l'un des acquis du régime de la République islamique est la souveraineté nationale qui s'illustre par les files d'attente des électeurs dans les villes et villages du pays". "Quel que soit l'élu, il faudra l'aider", a-t-il affirmé.

L'un des premiers à avoir déposé son bulletin dans l'urne installée dans sa résidence de Téhéran a été Ali Khamenei, qui a appelé ses compatriotes à aller aux urnes "massivement, le plus tôt possible".

Parmi les nombreux électeurs, Hadi, charpentier de 28 ans, affirme que même si "rien n'a particulèrement changé" dans sa vie sous M. Rohani, il votait quand même pour lui "pour les relations avec le reste du monde et rien d'autre".

En revanche, Mohammad Ali Serkani, 23 ans, futur ingénieur, a préféré Raissi car, pour lui, "la culture islamique, l'économie et la science sont les secteurs les plus importants".

Or, estime-t-il, "le gouvernement de Rohani a mis fin à la recherche dans de nombreux domaines comme le nucléaire, les missiles et l'epace à cause des négociations sur le (programme) nucléaire".

Le scrutin se tient deux jours après la décision américaine de renouveler l'allègement des sanctions contre l'Iran, conformément à l'accord nucléaire de 2015 entre Téhéran et six grandes puissances, dont les Etats-Unis.

Le président Rohani, élu en 2013, a consacré la majeure partie de son premier mandat de quatre ans à la négociation de cet accord ayant permis d'entamer l'ouverture économique et politique de son pays.

Mais la méfiance entre Téhéran et Washington, qui ont rompu leurs relations diplomatiques peu après la révolution islamique en 1979, demeure: le maintien de l'accord nucléaire s'est accompagné de nouvelles sanctions américaines liées au programme de missiles balistiques de l'Iran.

Cette méfiance s'est même accentuée après l'arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump, qui a multiplié les déclarations anti-iraniennes et accru les sanctions non liées au nucléaire depuis janvier.

Hasard du calendrier ou pas, M. Trump assistera ce week-end à un sommet avec des dirigeants musulmans du monde entier en Arabie saoudite, grand rival régional de l'Iran.

Malgré l'hostilité américaine, l'ambition de M. Rohani est de poursuivre l'ouverture au monde pour attirer davantage d'investissements, tandis que M. Raissi veut défendre les classes les plus défavorisées par la préférence nationale dans le domaine économique.

Outre la conclusion de l'accord nucléaire, le président sortant peut se prévaloir d'avoir fait chuter l'inflation qui, de 40% en 2013, est passée aujourd'hui à 9,5%.

Sans remettre en cause cet accord voulu par le guide suprême, Ebrahim Raissi a dénoncé le manque de résultats de ce compromis, qui a attiré peu d'investissements par rapport à ce qui avait été escompté et n'a pas profité aux plus défavorisés dont il se fait l'avocat.

Il a mis en avant les mauvais chiffres du chômage (12,5% de la population, 27% des jeunes) et accusé le gouvernement de n'avoir agi que pour "l'oligarchie", les "4% les plus riches".

Outre la présidentielle, les 56,4 millions d'électeurs sont appelés à voter pour des élections municipales: l'enjeu dans les grandes villes de Téhéran, Machhad (nord-est) et Ispahan (centre) est un changement de la majorité conservatrice qui les dirige.