Irak : Abadi à Washington veut plus d’aide d’Obama pour combattre l’EI

Publié le Mardi 14 Avril 2015 à 12:10
Haider al-AbadiAFP - Le président Barack Obama reçoit mardi à la Maison Blanche le Premier ministre irakien Haider al-Abadi qui a réclamé lundi plus d’aide de Washington pour leur «long, long» combat commun contre le groupe Etat islamique (EI).

Les Irakiens demandent à Washington «une augmentation significative des raids aériens et des livraisons d’armes», a déclaré M. Abadi avant de s’envoler vers les Etats-Unis. Il y a déjà eu une augmentation des frappes «mais nous voulons plus», a-t-il dit.

L’attaque menée samedi par les jihadistes contre la raffinerie de Baïji, la plus grande du pays, située à 200 kilomètres au nord de Bagdad, est venue rappeler l’ampleur de la tâche face à l’EI.
La reconquête de la ville stratégique de Tikrit, annoncée fin mars, a certes été une étape importante. Mais cette bataille, plus grande opération lancée par Bagdad contre les jihadistes depuis leur offensive en juin dernier, a été «très difficile» et a connu «des hauts et des bas», selon un haut responsable américain.

Tikrit constitue aussi un avertissement pour ceux qui voyaient la reconquête du centre et du nord de l’Irak aller beaucoup plus vite.

Si sa reconquête est considérée comme un «tremplin» vers la libération de Mossoul, deuxième ville du pays située à 350 km au nord de Bagdad, Washington met en garde contre toute précipitation.

Cette attaque «doit être lancée quand tout est prêt» et ne doit pas être calée «sur un calendrier rigide», souligne un responsable américain. «Cela va demander des moyens importants, et il faudra du temps pour tout mettre en place».

Pour Abadi, les mois à venir seront évidemment cruciaux
Pour Obama, l’enjeu est de taille, à moins de deux ans de son départ de la Maison Blanche. Ses détracteurs affirment que le retrait des troupes américaines était une erreur stratégique ayant permis à l’EI de se développer à une vitesse fulgurante.

Depuis l’arrivée de Haider al-Abadi au pouvoir, la Maison Blanche souligne inlassablement à quel point la donne est en train de changer dans le pays, miné par les tensions religieuses. Une partie des Arabes sunnites d’Irak (20% de la population) se sentent stigmatisés par les autorités de Bagdad, où les chiites dominent. Leur marginalisation a amené certains d’entre eux à tolérer --voire soutenir-- l’EI.

«Le gouvernement Abadi est différent du précédent sur toutes les questions importantes», souligne un responsable américain, insistant sur la crise profonde à laquelle le pays était confronté lorsque Nouri Al-Maliki était au pouvoir.

Mais la bataille de Tikrit a aussi été source de tensions avec Washington lorsque les milices chiites soutenues par l’Iran ont été parfois décrites comme étant «les patrons» de l’offensive.
Les dirigeants irakiens n’entendent en rien être des «marionnettes» de l’Iran voisin, a assuré le vice-président américain Joe Biden il y a quelques jours. Et à l’approche de la visite à Washington du Premier ministre irakien, M. Biden a insisté sur la détermination de ce dernier à ne pas se laisser impressionner par son puissant voisin iranien.

«Il a courageusement pris l’initiative et expliqué de manière on ne peut plus claire que c’était le gouvernement irakien, que c’était lui, en tant que commandant en chef, qui dirigeait l’opération», a-t-il souligné.

Quelle que soit la stratégie retenue, la stabilité du pays est encore un projet lointain. Après 1.800 frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis depuis début août dernier, à peine un quart des territoires conquis par l’EI en 2014 ont été repris.

«C’est une campagne sur le long terme», souligne un responsable américain. «Ce sera long, long, long. Il faut absolument garder cela en tête».

Lundi, M. al-Abadi a indiqué que, outre des armes et des frappes, le gouvernement irakien réclamait aussi des «mesures strictes» pour arrêter le flux des combattants étrangers en Irak, et des efforts de la communauté internationale pour mettre fin au trafic de pétrole et d’antiquités, source de revenus pour les jihadistes.