Hollande entame son offensive diplomatique contre l'EI

Publié le Lundi 23 Novembre 2015 à 15:46
François Hollande. Reuters - La France a entamé lundi une semaine d'offensive militaire et diplomatique présentée comme décisive pour tenter de mettre sur pied une coalition unique contre l'Etat islamique (EI), dix jours après les attentats de Paris revendiqués par Daech.

Rencontre avec le Premier ministre britannique David Cameron lundi, déplacement à Washington mardi, dîner informel avec la chancelière allemande Angela Merkel mercredi et étape à Moscou jeudi : l'agenda de François Hollande est quasiment entièrement consacré aux modalités de la "guerre" contre l'EI.

Parallèlement à ce ballet diplomatique, la riposte militaire continue de se mettre en place.
Après une série de frappes la semaine dernière visant des postes de commandement et des centres d'entraînement de l'EI près de Rakka, fief de l'organisation djihadiste en Syrie, la France a dépêché son porte-avions Charles-de-Gaulle en Méditerranée orientale.

"Nous allons choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possibles à cette armée terroriste", a déclaré François Hollande lors d'une déclaration à l'Elysée au côté de David Cameron lundi matin. "Notre porte-avions qui va bientôt arriver sur zone a été clairement mandaté pour frapper et frapper dur contre Daech."

Le Charles-de-Gaulle, qui a appareillé mercredi dernier de Toulon (Var), devrait être opérationnel dès ce lundi, selon le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Les 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions s'ajouteront aux 12 stationnés aux Emirats arabes unis et en Jordanie.

La semaine prochaine est une semaine clef, ça ne sera pas du 'blabla' diplomatique", indiquait une source gouvernementale française la semaine dernière. "Le rendez-vous avec Barack Obama notamment sera décisif pour continuer les dossiers d'objectifs" pour les frappes militaires.

La France est engagée dans la lutte contre l'Etat islamique en Irak depuis septembre 2014 mais n'est entrée militairement sur le théâtre syrien qu'en septembre dernier, plus d'un an après ses alliés américains.

Depuis les attentats du 13 novembre, le partage de renseignements entre Washington et Paris s'est accru, permettant notamment à la France de mener un bombardement massif de Rakka, mais il faut aller plus loin, souligne-t-on à Paris.

"Ils (les Américains) nous on dit qu’ils allaient taper plus", indique une source diplomatique française. "Ça commence à se voir. Ils ont donné l’exemple en tapant des ressources d'approvisionnement pétrolier. Ce qui est sûr, c’est que si on travaille ensemble on sera plus efficace".

"La puissance américaine permettrait en théorie aux Etats-Unis d'aller beaucoup plus fort, c'est l'un des enjeux de l'étape washingtonienne", ajoute une source gouvernementale française. "Il s'agit de dire 'deux ans de sanctuaire de Daech en Syrie ça suffit, ça sera long d'y remédier mais si on pouvait consacrer notre énergie sur ce sujet là, ça serait bien".

Dimanche, lors d'un déplacement à Kuala Lumpur, le président américain a promis que la "destruction" de l'Etat islamique était "une tâche que [les Etats-Unis] allaient mener au bout".
Avec les Russes, la partie s'annonce plus délicate. Moscou, allié du régime de Bachar al Assad, est accusé par l'Occident de concentrer ses frappes sur les forces d'opposition modérées au régime et de ne pas frapper les bases de l'Etat islamique.

L'attentat qui a détruit fin octobre un avion de ligne russe dans le Sinaï - revendiqué par l'Etat islamique-, semble avoir fait bouger les lignes, veut-on croire à Paris, où on note une série de frappes russes récentes contre des villes tenues par les djihadistes.

"Là on dirait qu'ils sont plus engagés contre Daech avec les grosses opérations contre Rakka", dit une source diplomatique française. "Mais on a quand même encore le sentiment qu ils continuent à taper à côté de Daech".

La question des objectifs visés devrait donc être au coeur des discussions jeudi à Moscou.

"Il n'y a pas de coalition sans objectif commun, c'est une donnée qu'il est bon de rappeler", souligne une source gouvernementale. "La question de base, c'est de savoir si les Russes partagent avec nous l'objectif de la priorité donnée à la lutte contre Daech, ce qui n'était pas le cas jusqu'à la semaine dernière".