Hollande, en visite-éclair à Alger, pour rencontrer Bouteflika

Publié le Lundi 15 Juin 2015 à 11:37
François Hollande et Abdelaziz Bouteflika. AFP - Le président français François Hollande est attendu lundi à Alger pour une brève visite à l’invitation de son homologue Abdelaziz Bouteflika, un interlocuteur de premier plan sur les crises au Mali et en Libye, voisins de l’Algérie.

«J’attache beaucoup d’importance au dialogue politique entre la France et l’Algérie car nos deux pays contribuent à la stabilité et à la sécurité dans la région», écrit François Hollande dans une tribune publiée par Le Quotidien d’Oran.

M. Hollande devrait atterrir en milieu de journée à Alger, où il rencontrera le Premier ministre Abdelmalek Sellal, puis M. Bouteflika, avant une conférence de presse.

Après celle de décembre 2012, cette visite est sa deuxième en tant que chef de l’Etat dans une capitale où il a effectué un stage d’étudiant, et entamé sa campagne pour la primaire socialiste fin 2010.

La situation dans les pays voisins de l’Algérie sera au cœur des entretiens car elle inquiète tant Paris qu’Alger.
L’Algérie s’est fortement impliquée dans le dossier malien en accueillant les pourparlers ayant mené aux accords pour la paix et la réconciliation conclus le 15 mai. C’est à Alger que la rébellion malienne à dominante touareg s’est engagée le 5 juin à les signer.

Sur le dossier de la Libye, un pays en plein chaos et gangrené par la progression du groupe Etat islamiste, les Algériens «sont pragmatiques et centrés sur les questions de stabilité et de sécurité», se félicite Paris.

«La Libye est un pays ami qui mérite nettement mieux qu’une simple expédition militaire», a estimé M. Sellal dans un entretien au Parisien.

La visite «de travail et d’amitié» de M. Hollande selon l’agence APS, intervient dans un contexte «marqué par un approfondissement significatif du dialogue et de la concertation politiques entre les deux pays», note la présidence algérienne.

«Cette précision» de la présidence «sonne comme une mise au point à ceux qui soutiennent que la visite de Hollande répond à un autre agenda», alors que la succession de M. Bouteflika est un sujet récurrent dans son pays.

François Hollande «ne se mêlera ni directement ni indirectement» de la question de la succession de M. Bouteflika «qui à mon sens n’est pas une question posée aujourd’hui», affirmait récemment un diplomate français.

Réélu l’année dernière pour un quatrième quinquennat, M. Bouteflika, 78 ans, physiquement affaibli à la suite d’un AVC en 2013 «conduira son mandat jusqu’à son terme» au printemps 2019, deux ans après la présidentielle française, a assuré son directeur de cabinet Ahmed Ouyahia.

Celui-ci a aussi exclu le scénario d’une succession dynastique. L’opposition prête des intentions présidentielles au frère du chef de l’Etat, Said, son conseiller spécial depuis sa première élection en 1999.

La visite de Hollande est «une manière de soutenir l’Algérie qui traverse une situation économique difficile (…) à cause de l’effondrement des prix du baril» de pétrole qui rapporte à l’Algérie plus de 95% de ses recettes extérieures, note l’historien Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb.

Son arrivée à l’Elysée, après une période de froid sous son prédécesseur Nicolas Sarkozy, a permis un resserrement de la relation bilatérale qui s’est notamment traduit par une intensification de la coopération dans la lutte contre les mouvements jihadistes dans le Sahel.

Et même si la question de la repentance française pour son passé colonial reste présente dans la presse et l’opposition, elle n’est plus évoquée par les dirigeants algériens.

Par ailleurs, la France, qui peine à s’extirper de sa crise économique, et l’Algérie, confrontée à une baisse de ses revenus pétroliers, souhaitent intensifier leur «partenariat stratégique», conclu en 2012.

Ce partenariat, qui a enregistré «ces dernières années des avancées importantes», devrait connaître «d’autres progrès dans plusieurs secteurs», parie la présidence algérienne.

La France veut récupérer le rang de premier fournisseur de l’Algérie, perdu en 2013 au profit de la Chine. Paris, qui exporte notamment des céréales, des médicaments et des voitures, est actuellement le deuxième partenaire de l’Algérie avec des échanges s’élevant à 10,5 milliards d’euros en 2014.

Environ 7.000 entreprises françaises exportent dans ce pays et 450 y sont installées, dont quelques grands groupes comme Alstom, Lafarge, Danone ou encore Renault et Suez, mais également des PME.

Ces entreprises sont de plus en plus nombreuses à faire appel à une forte communauté de binationaux dans leur conquête du marché algérien. Quelque «sept millions» de Français «ont un lien direct avec l’Algérie», a affirmé en février l’ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié.