Hollande annonce le désengagement de la France de Centrafrique

Publié le Samedi 14 Mai 2016 à 10:11
François HollandeAFP - Le président français, François Hollande, effectuait vendredi après-midi une visite de quelques heures en Centrafrique au cours de laquelle il devait aborder avec le nouveau régime les questions de la reconstruction d'un pays ruiné et du désengagement des troupes françaises.

M. Hollande a été accueilli à l'aéroport de Bangui par le nouveau président du pays, Faustin Archange Touadéra, élu en février, a constaté une journaliste de l'AFP. Les deux hommes devaient ensuite avoir un entretien au palais présidentiel centrafricain.

Lors de son bref passage, le président français entend apporter "son soutien à la paix et à la stabilisation" de la République centrafricaine, un des pays les plus pauvres de la planète. "Aujourd'hui, la France et la Centrafrique sont de moins en moins dans une relation liée au maintien de la paix et de plus en plus dans l'accompagnement du pays dans sa reconstruction, sa remise sur pied, son développement", souligne son entourage.

M. Hollande s'était rendu dans la capitale de l'ex-colonie française à deux reprises, en décembre 2013 et février 2014, alors que l'opération militaire française Sangaris venait de se déployer dans ce pays pour stopper des violences intercommunautaires.

Le programme de M. Hollande prévoit également un passage dans le quartier du PK5, où il s'était déjà rendu en février 2013. A l'époque, cette enclave musulmane de Bangui était au cœur d'affrontements sanglants entre milices majoritairement chrétiennes anti-balaka et ex-rebelles à dominante musulmane de la Séléka.

-Fin de l'opération Sangaris-

Il y revient alors que l'opération Sangaris doit se terminer en décembre, au terme d'un désengagement progressif. De plus de 2.000 militaires au plus fort de la crise, Sangaris n'en compte déjà plus que 650, selon l'entourage de M. Hollande.

A terme, les forces françaises doivent être redéployées au sein de la force onusienne de la Minusca, et dans la Mission européenne EUTM dédiée à la formation de l'armée centrafricaine. Le nombre de militaires français engagés sera ajusté en fonction des contributions des 27 autres pays de l'Union européenne.

Sa visite intervient alors que des soldats français et des Casques bleus engagés en Centrafrique sont soupçonnés d'abus sexuels pour lesquels trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes à Paris.

Le chef de l'Etat français a par ailleurs été sollicité par l'organisation Reporters sans frontières et la mère de la photojournaliste française Camille Lepage, tuée le 12 mai 2014 dans une embuscade dans l'ouest de la RCA, qui estiment que l'enquête sur les circonstances de sa mort "piétine".

En fin de journée, M. Hollande s'envolera pour Abuja où il sera le seul président non africain à participer samedi à un sommet régional sur la sécurité consacré à la lutte contre le groupe islamiste armé Boko Haram. Un premier sommet avait été organisé à Paris le 17 mai 2014.

La France entend à l'occasion de cette rencontre amplifier son aide pour lutter contre la secte islamiste. Le soutien de Paris en matière militaire et de sécurité aux quatre pays principalement touchés par les attaques de Boko Haram (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun) s'élève déjà à 25 millions d'euros sur un an, souligne un diplomate français. "Et nous allons poursuivre ce soutien avec les Américains et les Britanniques avec qui la coordination est très bonne", affirme-t-il.

Par ailleurs, Paris, qui a dégagé 17 millions d'euros de soutien humanitaire, devrait annoncer de nouvelles aides via l'Agence française de développement (AFD).

Les attaques du groupe islamiste, qui sévit depuis 2009 dans le nord-est du Nigeria, ont fait plus de 20.000 morts, selon la Banque mondiale, empiétant au-delà des frontières, au Niger, Cameroun et Tchad.

Depuis deux ans, la coopération régionale s'est renforcée, avec la mise en place d'une force multinationale mixte (FMM) de 8.500 hommes. L'emprise territoriale des jihadistes a régressé mais les attentats meurtriers se sont multipliés.