Halte à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes

Publié le Vendredi 03 Novembre 2017 à 09:29
À l'occasion de la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a invité le monde à s'unir pour défendre la sécurité des journalistes et garantir que justice soit faite.

« La justice est un principe fondamental d'une société libre. Elle dissuade ceux qui menacent la liberté d'expression et enhardit ceux qui prennent position pour la défendre. C'est pourquoi l'injustice dont sont victimes les journalistes est si coûteuse pour toutes les sociétés », déclare la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, dans un message.

De 2006 à 2016, pas moins de 930 journalistes ont été assassinés. Rien qu'en 2016, 102 journalistes ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions. Dans plus de neuf cas sur dix, les auteurs de ces crimes ne sont jamais traduits devant la justice.

Les journalistes locaux sont les principaux concernés : 93% des journalistes assassinés ces onze dernières années étaient des journalistes locaux enquêtant sur des faits locaux. Sont aussi concernées les menaces auxquelles les femmes journalistes sont confrontées, notamment l'augmentation alarmante du harcèlement en ligne.

«Nous devons nous assurer que justice soit rendue pour chaque journaliste assassiné. C'est essentiel pour honorer leur mémoire ; c'est crucial pour renforcer l'état de droit et la bonne gouvernance, et faire progresser le Programme de développement durable à l'horizon 2030, en particulier l'Objectif de développement durable 16 en faveur de la paix, de la justice et d'institutions efficaces », a dit Mme Bokova.

Selon elle, les journalistes remplissent des fonctions tout à fait particulières pour faire progresser les libertés fondamentales et contribuer à renforcer les sociétés. « Ils doivent être défendus grâce à des actions concertées des gouvernements, soutenues par les Nations Unies, en travaillant en collaboration avec tous les acteurs concernés, que ce soit les organisations internationales régionales, le pouvoir judiciaire, les médias, ou encore les sociétés privées, le monde universitaire ou la société civile », a-t-elle souligné.

L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté en 2013 une résolution qui proclame le 2 novembre 'Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes'. Cette résolution a exhorté les Etats membres à mettre en place des mesures précises afin de lutter contre l'actuelle culture d'impunité. La date a été choisie en mémoire de l'assassinat de deux journalistes français au Mali le 2 novembre 2013.

Message du SG de l’ONU
Rien que ces dernières semaines, une célèbre journaliste d’investigation a été tuée dans l’explosion de sa voiture qui avait été piégée, une autre a été démembrée alors qu’elle faisait des recherches pour un article et un photojournaliste, qui avait été forcé de quitter son domicile sous la menace d’une arme, a ensuite été retrouvé mort.
 
Entre 2006 et 2016, 930 journalistes et professionnels des médias ont été tués. Des milliers d’autres sont en butte au harcèlement sexuel et à des actes d’intimidation, quand ils ne sont pas détenus ou victimes de mauvais traitements.
 
Les crimes sont d’autant plus odieux qu’ils restent généralement impunis. Neuf fois sur dix, leurs auteurs ne sont pas traduits en justice.
 
L’infortune des journalistes coûte cher à toute la société. En effet, les informations concernant des affaires de corruption, de conflit d’intérêts ou de trafic que l’on empêche de sortir en s’en prenant à eux sont justement celles dont le public doit avoir connaissance.
 
L’Assemblée générale des Nations Unies, le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme condamnent tous les attaques contre les journalistes et demandent que leur sécurité soit assurée.
 
Le Plan d’action sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité a été entériné par l’ensemble du système des Nations Unies.
 
Nous sommes déterminés à aider à l’instauration des conditions dont les journalistes ont besoin pour exercer leur activité d’une importance cruciale. Je mobilise, dans tout le système des Nations Unies, un réseau de référents sur la question afin de proposer des mesures visant à intensifier l’action que nous menons pour renforcer la sécurité des journalistes et des professionnels des médias.
 
En cette Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, je demande que justice soit faite – pour honorer la mémoire de tous les journalistes qui ont été tués et faire avancer l’idée que la liberté et l’indépendance des médias sont indispensables au développement et à la paix.

Communiqué