Gül : l’UE érige des "obstacles artificiels" devant la Turquie

Publié le Mercredi 07 Juillet 2010 à 14:55
Abdullah Gül, Président turc. Reuters - Le président turc Abdullah Gül s'est interrogé mardi sur ce qui empêche les opposants à l'entrée de son pays dans l'Union européenne de voir tout le bénéfice qu'ils auraient à en tirer.
La Turquie est située au carrefour de l'Asie et de l'Europe, situation stratégique qui en fait un passage presque obligé des oléducs et gazoducs venant alimenter le Vieux continent.

"Tout le monde sait que la plus grande contribution de la Turquie sera dans le domaine de l'énergie", a dit Gül dans une interview accordée à Reuters à bord de son avion présidentiel, de retour du Kazakhstan, pays dont les ressources sont courtisées par la Chine, la Russie et l'Occident.

Mais des interrogations subsistent sur l'opportunité d'intégrer un pays musulman de 71 millions d'habitants, dont beaucoup vivent dans des zones reculées aux confins de l'Anatolie.

Malgré les réformes récentes, beaucoup la voient encore comme un pays dont l'histoire contemporaine rime avec difficultés économiques et interventions de l'armée.

Certains pays membres de l'Union européenne érigent des "obstacles artificiels" et n'ont aucune vision à long terme des avantages d'une adhésion de la Turquie, pays musulman laïc et dont l'économie croît rapidement, a estimé Gül.
"Si vous sacrifiez les objectifs stratégiques pour des raisons tactiques, vous ne serez jamais un grand acteur", a-t-il avancé.

Depuis que l'UE et la Turquie ont entamé des négociations formelles d'adhésion, cinq ans se sont écoulés. Un chapitre - le nom donné aux domaines de discussions - a été clos et 13 autres sont ouverts. Il en reste encore 21 à lancer.

Trois d'entre eux sont bloqués dont un, au grand désarroi du président turc, porte sur les questions énergétiques.
Cet obstacle est essentiellement imputable à la situation de Chypre, île divisée entre une partie grecque membre de l'UE et une partie turque non reconnue.
Mais les partisans de la candidature turque estiment que le dossier chypriote est devenu un prétexte pour éluder d'autres motifs d'opposition à l'adhésion d'Ankara.
"Certains pays, même s'ils ne sont pas directement affectés, se cachent derrière ce sujet pour créer des obstructions artificielles", a jugé Abdullah Gül.

D'autres opposent à la Turquie son ouverture de plus en plus prononcée vers ses voisins orientaux - Proche-Orient, monde arabo-islamique, Russie et anciens pays du bloc soviétique.
Certains vont plus loin et voient dans le rapprochement avec l'Iran ou la Syrie la patte du Parti justice et développement (AKP) au pouvoir, qui plonge ses racines dans l'islam politique. Mais pour Gül, il n'en est rien et l'adhésion à l'UE reste une priorité absolue.

L'AKP, dont Gül est issu, aime à se définir comme le pendant turc des chrétiens-démocrates européens. La Turquie est attachée aux idéaux de démocratie, de droits de l'homme, du marché, de transparence ou encore de responsabilité, affirme son président.
"La Turquie est devenue une espèce de pôle d'attraction. Chacun s'interroge et se dit: si la Turquie peut le faire, nous pouvons le faire aussi", assure Gül.

Quant aux relations avec les voisins orientaux, argue-t-il, elles sont naturelles de par l'histoire commune, dont l'héritage ottoman, et répondent d'une volonté d'extension de la stabilité et de la sécurité à toute la région.

"On confond l'orientation de la Turquie avec ses contacts et ses relations - ce sont des choses distinctes. La Turquie est comme un générateur de stabilité dans la région", insiste Gül.

 

Commentaires 

 
#1 RE: Gül : l’UE érige des "obstacles artificiels" devant la Turquie
Ecrit par mks     09-07-2010 09:14
Deux epines restent pour Gul (l'Armenie et la Grece) et l'Empire moderne revient en force.
Que Dieu t'inspire la courage Gul.
 
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