Gaza en liesse : Cessez-le-feu durable avec allègement du blocus

Publié le Mercredi 27 Août 2014 à 10:05
Gaza fête le cessez-le-feu durable. Reuters & AFP - Sept semaines après le début de la guerre israélienne à Gaza, un cessez-le-feu illimité est entré en vigueur mardi soir dans la bande de Gaza, dont les rues dévastées se sont aussitôt remplies d'une foule en liesse.

Outre la trêve, l'accord conclu au Caire prévoit l'ouverture immédiate des points de passage entre Gaza, Israël et l'Egypte, ainsi qu'un élargissement de la zone de pêche palestinienne en Méditerranée, ont précisé des responsables palestiniens et égyptiens. Il prévoit également  un allègement du blocus imposé depuis 2006 par Israël et qui asphyxie les 1,8 million d’habitants de l’enclave.

Dans un second temps, un mois après l'arrêt des combats, Israéliens et Palestiniens devraient entamer des négociations sur la construction d'un port à Gaza et sur la libération en Cisjordanie de membres du Hamas détenus par Israël, peut-être en échange de deux soldats israéliens vraisemblablement prisonniers du mouvement, ont-ils ajouté.

"Nous proclamons aujourd'hui la victoire de la résistance", a lancé Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas.

"Nous ne demanderons la permission à personne. Nous allons construire notre port (...) Nous allons construire notre aéroport", a renchéri Mahmoud al Zahar, un dirigeant du mouvement.
Aucun responsable ne s'était montré en public depuis le début des hostilités.

L’accord sur un cessez-le-feu était respecté mercredi, après 50 jours d’une guerre sanglante que les deux parties affirment avoir remportée.

 «Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu il n’y a eu aucun tir de roquette vers le territoire israélien et aucune attaque aérienne israélienne dans la bande de Gaza», a confirmé à l’AFP une porte-parole militaire israélienne.

Car si ce cessez-le-feu suscite de nombreux espoirs, les points de divergences entre Israéliens et Palestiniens sont loin d’avoir été surmontés.

Mardi soir une foule de Palestiniens est descendue dans les rues de Gaza pour exprimer sa joie en tirant en l’air au milieu de combattants du Hamas, qui contrôle de facto l’enclave.

Le Hamas, qui a infligé à l’armée israélienne ses plus lourdes pertes depuis 2006 avec 64 soldats tués, a revendiqué la «victoire», assurant avoir défait «la légende de l’armée israélienne qui se dit invincible» et obtenu l’allègement du blocus, principale revendication des Palestiniens.
Au niveau international, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a salué l’accord, espérant que cette nouvelle trêve tienne, tout comme le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon qui a espéré que le cessez-le-feu sera un «prélude à un processus politique».

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a dit espérer un cessez-le-feu «durable», et engagé Israéliens et Palestiniens à «poursuivre les discussions menées sous les auspices de l’Egypte pour parvenir à une solution durable, répondant aux exigences de levée du blocus à Gaza et de sécurité d’Israël».

L’Iran a salué la «victoire» des Palestiniens qui «a mis à genoux le régime sioniste», tandis que le Qatar, l’un des principaux alliés du Hamas, a espéré que l’accord aidera à «mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et à réaliser ses demandes légitimes».

Selon le chef de la délégation palestinienne, Azzam al-Ahmed, devrait immédiatement entrer en vigueur «l’ouverture des passages pour des besoins humanitaires et des vivres, pour du matériel médical et tout ce qui va permettre de réparer les systèmes d’eau, d’électricité et de téléphonie mobile».

La levée des restrictions pour les pêcheurs semble par ailleurs être actée, la limitation de la zone de pêche à 3 milles nautiques devant être levée pour passer à 6 milles (11km) puis à 12, selon M. Ahmed.

La question de la démilitarisation de la bande de Gaza, une exigence israélienne, doit elle être discutée au Caire lors des pourparlers, tout comme celles, palestiniennes, de la réouverture de l’aéroport et du port maritime.

Aucun détail n’a cependant filtré sur la possible reprise des exportations depuis l’enclave palestinienne ou sur les importations de matériel de construction à Gaza, dont la reconstruction prendra des mois sinon des années.

Durant «Bordure protectrice» près de 55.000 maisons ont été touchées par les frappes israéliennes, dont au moins 17.200 totalement ou quasi-totalement détruites, selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).