France/ Islam : "La Charte de l’imam" vivement critiquée

Publié le Jeudi 30 Mars 2017 à 15:56
AFP - Cinq grandes fédérations de mosquées ont vivement critiqué jeudi le lancement d'une "charte de l'imam" par le Conseil français du culte musulman (CFCM), estimant que ce projet devant contribuer à la lutte contre le fondamentalisme était "encore en cours d'élaboration".

"Cette officialisation de documents de travail non encore adoptés s'est faite en l'absence des représentants de nos fédérations", écrivent dans un communiqué commun la grande mosquée de Paris (GMP, liée à l'Algérie), l'UOIF (issue des Frères musulmans), les confédérations turques Milli Görüs et CCMTF ainsi que l'association Foi et Pratique (littéralistes du Tabligh).

"L'attitude affichée de l'actuel président du CFCM", Anouar Kbibech, "ne rendra service ni aux imams, ni à la communauté musulmane, ni à notre pays", accusent les signataires, dénonçant une volonté de "publier coûte que coûte" cette charte.

Interrogé par l'AFP, l'intéressé, également responsable du RMF (lié au Maroc), s'est dit "étonné de cette démarche" des cinq fédérations.

"Il y a eu plusieurs réunions, Dalil Boubakeur (recteur de la GMP, NDLR) était d'accord la semaine dernière. Le consensus était là, nous n'avons fait que l'acter en bureau du CFCM", mercredi, a-t-il assuré.

Pressé par le gouvernement de réagir face aux discours radicaux, l'instance représentative du culte musulman avait exprimé dès l'automne 2015, peu après les attentats du 13 novembre, son intention de proposer une "charte de l'imam" pour veiller au recrutement de prêcheurs respectueux du "pacte républicain".

L'élaboration dans la douleur de ce projet témoigne de la difficulté à faire avancer le chantier d'un "islam de France" pour des responsables musulmans souvent divisés et en mal de représentativité.

"Il faudrait que les musulmans jouent la cohésion et qu'ils arrêtent de tirer les uns contre les autres", s'est lamenté jeudi auprès de l'AFP le secrétaire général du CFCM, Abdallah Zekri, par ailleurs délégué... de la grande mosquée de Paris.

Anouar Kbibech, dont le mandat de président - tournant - du CFCM s'achève le 30 juin, entend bien mettre en œuvre sa charte, en s'appuyant sur des CRCM (conseils régionaux du culte musulman) "pilotes". La polémique "ne va pas nous empêcher d'avancer", promet-il.