Sarkozy critiquée pour une conférence très rémunérée aux Emirats

Publié le Samedi 07 Février 2015 à 11:27
AFP - En plein déchirement à l'UMP sur le duel PS-FN à la législative partielle du Doubs, Nicolas Sarkozy s'est rendu lundi à Abou Dhabi pour y donner une nouvelle conférence rémunérée, s'attirant des critiques jusque dans son camp.

L'hebdomadaire Marianne a révélé jeudi cette conférence "très privée... et surtout très rémunérée", sans préciser de montant. L'ex-président de la République "répondait à l’invitation du Cheikh Mansour et du fonds souverain IPIC".

M. Mansour est un membre de la famille régnante à Abou Dhabi. Il est vice-Premier ministre des Emirats arabes unis et patron de ce fonds souverain. Il a gagné en notoriété ces dernières années après avoir acheté le club anglais de Manchester City, champion d'Angleterre en titre.
Aux Émirats, Nicolas Sarkozy a, selon l'hebdomadaire, "consacré son temps à une quinzaine de personnes triées sur le volet" et le matin, "il a aussi été reçu par le prince héritier qui l’a invité au Majlis, le Parlement de l’Émirat".

Des sources à l'UMP ont confirmé à l'AFP ce déplacement qui a vite suscité de larges critiques: d'une part, parce que cette conférence rémunérée n'est pas la première, mais surtout car elle s'est tenue lundi, au lendemain d'une législative partielle ayant vu l'élimination de l'UMP au premier tour, ce qui a déclenché un houleux débat interne.

M. Sarkozy s'est certes trouvé des soutiens dans son camp: "Dès dimanche soir, le président de l'UMP aurait pu s'exprimer" mais "il fallait le recul nécessaire et écouter tout le monde", a plaidé le député-maire de Nice Christian Estrosi sur Europe 1.

La numéro deux du parti Nathalie Kosciusko-Morizet a abondé dans ce sens: "Nicolas Sarkozy a le droit d'avoir une activité professionnelle à côté, les pays du Golfe ont mauvaise presse mais la France y est officiellement représentée, les ministres y vont régulièrement: le président de la République y était il y a 15 jours à l'occasion de la mort du roi d'Arabie Saoudite".

"Si l'UMP avait pris position dimanche soir ou lundi matin, ç'aurait été sans débat" or sur la question du positionnement de l'UMP en cas de duel FN-PS "pour la première fois, il y a eu un vrai débat à l'UMP et un vote", a-t-elle aussi justifié.

Mais, au-delà de ces rares soutiens, les critiques ont été nombreuses, insistant sur la récurrence de ces conférences rémunérées auxquelles s'adonne M. Sarkozy depuis qu'il a quitté l'Elysée en mai 2012.

"Ni carte ni chèque: le seul +ni-ni+ qui intéresse encore Nicolas Sarkozy manifestement...", a ironisé sur Twitter le vice-président du FN Florian Philippot.

Le co-président du groupe des députés EELV François de Rugy a jugé "très grave" ce "mélange des genres", accusant M. Sarkozy d'être "payé par des Etats étrangers".

Même à l'UMP, des critiques ont fusé, comme celles du député UMP Thierry Mariani : "On peut faire des conférences à l'étranger, ça ne me choque pas. Mais je pense que, sur cette affaire du Doubs, on aurait réagi tout de suite, ça nous aurait évité un psychodrame en deux jours".
"Regrettable" a jugé aussi un élu du parti.

Après la cacophonie lundi et mardi à l'UMP sur la conduite à tenir face au duel FN-PS, le Bureau politique du parti a opté mardi soir de justesse pour le "ni-ni", contre l'avis de Nicolas Sarkozy.
En décembre, juste après son élection à la tête du parti, l'ancien locataire de l'Elysée s'était rendu au Qatar pour donner une conférence à l'invitation de la Qatar National Bank, une amitié avec ce pays qui lui vaut des critiques régulières.

M. Sarkozy n'est pourtant pas le seul à l'UMP à donner des conférences rémunérées: Jean-François Copé l'a fait en juillet 2013 à Brazzaville, François Fillon via sa société 2F Conseil, etc.

Mais ses adversaires utilisent contre lui cette activité, dont les gains ont été évalués à environ 2 millions d'euros depuis mai 2012 dans un récent livre: en octobre, le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé avait rejeté toute rémunération pour une conférence. Raison ? "Une question d'éthique personnelle.