France : Profil des terroristes des attentats de Paris

Publié le Lundi 16 Novembre 2015 à 09:45
Reuters - La principale nouveauté des attentats de vendredi à Paris, au-delà de leur caractère coordonné et massif, est l'apparition du profil inédit en France du kamikaze résolu à se faire sauter en causant le maximum de victimes, estiment les experts.

Ces derniers jugent le phénomène d'autant plus préoccupant qu'il suppose une logistique complexe sur le territoire même où sont commis les attentats ou à proximité immédiate et rend plus difficile le travail de l'antiterrorisme.

"C'est ce que tous les spécialistes redoutaient parce que c'est techniquement beaucoup plus difficile à repérer", estime le député européen Arnaud Danjean, ancien des services français de renseignement et expert des questions de sécurité.

"Et c'est ce qu'il y a de plus épouvantable : ça engendre une suspicion généralisée dévastatrice", a-t-il dit à Reuters.

Les trois hommes qui ont actionné leur ceinture d'explosifs à proximité du Stade de France et l'auteur d'un attentat-suicide identique dans un restaurant du XIe arrondissement entrent très clairement dans la catégorie des kamikazes. Parmi ces quatre hommes, deux au moins sont Français.

Ismaël Omar Mostefaï, un des trois hommes qui ont attaqué la salle de concert Le Bataclan avant de se faire sauter lors de l'assaut des forces de l'ordre, a un profil hybride.

Ce presque trentenaire né à Courcouronnes (Essonne) dans une famille de cinq enfants est le premier des sept djihadistes tués vendredi à avoir été officiellement identifié.

Ce petit délinquant condamné huit fois sans incarcération entre 2004 et 2010, fiché cette année-là pour radicalisation islamiste, s'était fait oublier depuis lors. Il a habité à Chartres au moins jusqu'en 2012, est marié, père d'une fillette.

Les enquêteurs ont établi que la Turquie lui avait délivré un visa et cherchent à savoir s'il est allé, comme d'autres activistes islamistes français, en Syrie.

Ce "voyage initiatique en terre de djihad" fait partie du parcours type des apprentis djihadistes, rappelle le sociologue Farhad Khosrokhavar, dans une interview à Libération.
"Ce passage est aussi essentiel en ce qu'il permet au futur kamikaze de devenir étranger à sa propre société d'origine et d'acquérir la cruauté nécessaire pour le passage à l'acte sans culpabilité ni remord", explique-t-il.

Ismaïl Omar Mostefaï n'est pas passé par la case prison, souvent synonyme de radicalisation pour les djihadistes français, mais aurait fréquenté la mosquée de Lucé, dans la banlieue de Chartres. Il y aurait suivi les enseignements d'un islamiste radical marocain venant de Belgique - une des pistes multiples pointant vers ce pays dans cette affaire.

Un responsable de la mosquée, Karim Benayed, a cependant déclaré à Reuters ne pas avoir vraiment de souvenirs de lui et douter qu'il se soit radicalisé dans ce lieu de culte.

"Je l'ai peut-être croisé mais je ne le connaissais pas. On ne peut pas dire qu'il fréquentait la mosquée si fréquenter veut dire tous les jours", dit-il. "Il est peut être passé ici mais ce n'est pas ici qu'il s'est radicalisé."

Pour le président de l'Observatoire international du terrorisme, Roland Jacquard, le fait qu'il ait été porteur, comme les six autres djihadistes tués vendredi, d'une ceinture d'explosifs et l'ait actionné démontre un degré supplémentaire dans la radicalisation des activistes islamistes en France.

« Pour que ce petit délinquant auto-radicalisé accepte de se suicider, imaginez le parcours qu'il a franchi dans sa tête", fait valoir cet expert. "Cela veut dire qu'il a eu un lavage de cerveau et il faut savoir par qui."

Un avis partagé par Arnaud Danjean, pour qui on ne passe pas au stade du kamikaze en s'auto-radicalisant sur internet.

"Jusqu'ici, ce n'était pas culturellement dans la tradition des activistes français", explique-t-il. "Aujourd'hui, ce tabou-là tombe : il y a des gens, citoyens français, qui sont prêts à se faire péter en France, au milieu de Français."

Selon une source proche des services de sécurité, "il y a forcément eu une préparation psychologique méthodique et organisée pour le passage à l'acte".

Un tel conditionnement psychologique suppose un réseau structuré, souligne Arnaud Danjeau, selon qui il a cependant pu être effectué hors de France, par exemple en Belgique, ou lors d'un séjour dans une zone de combat au Proche-Orient.

Plus préoccupant encore : selon l'enquête, les ceintures d'explosifs dont étaient équipés les sept djihadistes tués vendredi, toutes identiques, démontrent une maîtrise technique autrement plus pointue que le maniement de Kalachnikov.

"On a forcément sur le territoire français des gens capables de fabriquer des gilets explosifs en grand nombre", estime Roland Jacquard

Arnaud Danjean n'exclut cependant pas, pour sa part, que ces ceintures aient pu être fabriquées dans un autre pays européen, comme la Belgique, d'où plusieurs activistes impliqués dans les attentats semblent être venus.

 

Commentaires 

 
#1 LETTRE DE FRANCOIS HOLLANDE AUX DJIHADISTES
Ecrit par Roland Hureaux     16-11-2015 09:55
Messieurs les djihadistes,

Permettez moi de vous le dire. Vous y êtes allés un peu fort.
Non, je ne méritais pas cela, la France ne méritait pas cela.

Après les attentats que vous avez organisés à Paris ce 13 novembre au soir, vous avez clamé victoire sur les "croisés" que nous serions.
Vous nous faites injure. La France est une république laïque qui ne veut avoir rien en commun avec ces gens là. Nous avons renié nos racines chrétiennes: vous comprendrez que nous ne pouvons pas nous voir appelés croisés sans déplaisir.

D'ailleurs les croisés , les vrais, combattaient les musulmans et protégeaient les chrétiens.
Or, nous, depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, non seulement nous ne protégeons pas les chrétiens, mais nous aidons ceux qui les massacrent. Ne prenez pas trop au sérieux tel ou tel ministre que nos avons dépêché dans les camps chrétiens d'Irak: c'est d'abord à usage interne.

Vous le savez, les gouvenrment français vous ont aidés depuis quatre ans autant qu'ils l'ont pu . Ayant réduit année après année, notre budget militaire , comprenez que je ne pouvais pas faire beaucoup plus. Nous vous avons néanmoins envoyé beaucoup d' armes, y compris létales, et d'autant plus volontiers que c'étaient nos amis communs de la péninsule arabique, le roi d'Arabie, l'émir du Qatar et les autres émirs qui payaient. Et rubis sur l'ongle.

On a beau être le successeur de Jaurès, il y a de petits bénéfices sur lesquels nous ne crachons pas, même si ça fait un peu durer la guerre.

Comme certaines de ces armes que nos livrions étaient assez sophistiquées, nous vous avons envoyé des instructeurs, dont plusieurs anciens légionnaires. Quelques dizaines ont même été faits prisonniers à vos côtés quand les troupes de Bachar el Assad ( honni soit-il !) ont assiégé puis repris la ville de Homs. C'était il est vrai du temps de mon prédécesseur. Mais aussitôt arrivé au pouvoir, j'ai tâché, vous les avez, de faire encore mieux que lui.
Nous avons formé dans des camps d'entraînement en Turquie et en Jordanie, aux côtés de nos amis américains, dotés il est vrai de plus gros moyens, les jeunes recrues qui vous arrivent d'un peu partout, y compris de France. Il fallait certes sauvegarder les apparences. Nous les avons qualifiés d'"armée syrienne libre", mais , vous le savez, ces recrues ne vous ont pas manqué: aussitôt formées, la plupart ont rejoint vos troupes.

Il est vrai qu'entre les deux principaux groupes que vous constituez, nous aidons davantage Al Nosra que Daesh. Mais vous comprenez que , Al Nosra se trouvant aux portes de Damas et notre objectif prioritaire restant, comme mon ministre Fabius ne cesse de la proclamer, la chute du régime de Bachar el Assad, c'est eux qu'il fallait aider d'abord. Et puis , je vous le dis, vous les gens de Daesh avez parfois de mauvaises manières : vous produisez des vidéos sur You Tube chaque fois que vous procédez à des décapitations , comprenez que ça fait mauvais genre : comment voulez-vous nous vous aidions ? Les gens d' Al Nosra , eux, ne font pas ça. Ils ont certes la main aussi lourde que vous , surtout quand ils prennent un village chrétien ou alaouite, mais ils sont plus discrets. Ils ont même pris la précaution de changer de nom : ils ne s'appellent plus Al Qaida, ce qui rappelait de mauvais souvenirs aux Américains. Notre ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, est même allé jusqu'à dire qu'ils faisaient du bon boulot"! D'une certaine manière, cela s'adresse à vous tous. Mais il est entendu que nous parlions seulement de votre action contre Assad, pas ce que vous veniez de faire à Paris, bien sûr.

Puisque le régime d'Assad est votre pire ennemi, je vous le dis sans ambages, il est aussi notre pire ennemi. Raison de plus pour vous dire que vous avez exagéré. Au fond, si vous n'aviez pas entrepris ce genre d'action sur notre territoire national, nous avions tout pour nous entendre.

Quand nous avons annoncé au mois de septembre, un peu bruyamment il est vrai, notre participation à une grande coalition contre Daesh, il ne fallait pas nous prendre au mot. Cela aussi était à usage interne. Le premier bombardement que nous avons entrepris, avant la session des Nations-Unis, n'a visé qu'un bâtiment vide en plein désert. Depuis, le régime de Damas nous a interdits d' approcher le porte-avion Charles de Galle de ses côtes, arguant que nous avons bombardé surtout des puits de pétrole lui appartenant. Sans doute exagère-t--il un peu mais tout de même , s'il le dit, ne pensez-vous pas qu'au fond, nous ne sommes pas très dangereux pour vous ?

Nous avons un autre ami commun, le présidant turc Erdogan . Son parti vient de remporter les élections. Il vous aide de multiples manières, en bombardant vos ennemis kurdes, en permettant aux volontaires venus du monde entier de rejoindre vos rangs - et ils sont de plus en plus nombreux, vous le savez, à le faire - , en vous livrant des armes, et même en organisant une filière de départ vers l'Europe des jeunes syriens qui risquent d'avoir à vous combattre dans les rangs de l'armée syrienne. Cet ami commun, loin de nous plaindre de lui, nous avons vu sans déplaisir et en tous les cas sans la désavouer, Angela Merkel aller le soutenir ostensiblement avant les élections - de fait, au nom de l'Europe et donc en notre nom. Les pays les plus riches de la planète qui forment le G 20 se réunissent dans quelques jours chez lui, à Antalya. Ce sera une consécration pour lui. Un proverbe arabe dit que "les amis de nos amis sont nos amis ". Vous voyez que nous ne sommes pas ennemis !

Et d'ailleurs si nous atteignons notre but qui reste la chute du régime odieux d'Assad, vous pourrez entrer à Damas. Vous avez dit que vous y établiriez la charia : libre à vous. Nous n'interférerons plus alors dans les affaires intérieures de la Syrie. Vous pourrez planter le drapeau du khalifat à 220 Km de Jérusalem et à 85 km de Beyrouth. Allah est grand !

Les attentats que vous avez revendiqués étaient donc inutiles. Cette fois, je m'adresse à Daesh qui, seul l'a fait, mais nous savons votre proximité puisque vos troupes combattent indifféremment sous l'une et l'autre bannière.

Et, moi, président Hollande, compte tenu de ma bonne volonté à votre égard, je ne méritais franchement pas cela. Je vous en supplie, ne recommencez pas, vous me feriez vraiment de la peine.
F.H.
 
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