France : Les attentats planifiés en Syrie et organisés en Belgique (Hollande)

Publié le Mardi 17 Novembre 2015 à 09:41
AFP & Reuters - François Hollande a prôné lundi une réforme de la Constitution et annoncé un renforcement général des services de police, de la Défense et de la Justice pour mieux lutter contre le terrorisme.

Dans un discours devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, le chef de l'Etat a annoncé que députés et sénateurs seraient saisis mercredi d'un projet de loi prolongeant l'état d’urgence pour trois mois et adoptant son contenu à l’évolution des technologies et des menaces.
Le président prône un nouveau régime juridique complet pour adapter l'état d'urgence et faire évoluer la Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d'agir contre le terrorisme.

Trois jours après les attentats qui ont fait au moins 129 morts à Paris, le chef de l'Etat a annoncé la création de 5.000 emplois en deux ans dans la police et la gendarmerie, 2.500 dans l'administration pénitentiaire et les services juridiques, et un millier dans les douanes pour contrôler les frontières.

Le président, chef des armées, a annoncé en outre l'interruption de toute nouvelle réduction des effectifs de la défense.

"Quant à nos armées qui sont de plus en plus sollicitées par les opérations extérieures que nous allons poursuivre, par la sécurité de nos compatriotes qui est demandée, j'ai donc là encore décidé qu'il n'y aurait aucune diminution d'effectifs dans la Défense jusqu'en 2019. Et cette réorganisation de nos armées se fera au bénéfice des unités opérationnelles, de la cyberdéfense et du renseignement", a-t-il dit.

En avril, à la suite des attentats de janvier, François Hollande avait annoncé qu'il allait préserver 18.500 postes sur les 34.000 suppressions de personnels prévues dans la loi de programmation militaire qui a été adoptée en juillet.

Ces mesures, incluses dans le budget 2016, représenteront un surcroît de dépenses que le président a dit "assumer, expliquant que "le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité."
"Notre République n'est pas à la portée de méprisables tueurs", a déclaré M. Hollande, pour qui "notre démocratie a triomphé d’adversaires bien plus redoutables, en vérité, que ces lâches assassins".

Pour le président, la France n'est pas engagée dans une "guerre de civilisation". Il faudra "du temps" et de la "patience" mais "l'ennemi n'est pas hors d'atteinte", a-t-il dit.

Les actes de guerre de vendredi ont été décidés, planifiés en Syrie, ils ont été organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises", a estimé le président pour qui "ils poursuivent un objectif bien précis: semer la peur pour nous diviser ici et faire pression pour nous empêcher là-bas, au Moyen-Orient, de lutter contre le terrorisme".

Le président syrien, Bachar al-Assad, "ne peut constituer l'issue mais notre ennemi en Syrie, c'est Daech". M. Hollande veut "éviter" que l'organisation Etat islamique (EI) "n'utilise les combattants étrangers pour exécuter dans leurs pays les plans ourdis depuis la Syrie et l'Irak".

La France va "intensifier ses opérations en Syrie" et poursuivre "ces frappes au cours des semaines à venir"

M. Hollande a demandé une réunion du conseil de sécurité de l'ONU "dans les meilleurs délais pour adopter une résolution marquant cette volonté commune de lutter contre le terrorisme", assurant que "la nécessité de détruire Daech constitue un sujet qui concerne toute la communauté internationale".

"Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l'instant, est encore renvoyé à trop longtemps", a-t-il déclaré. "La France parle à tous, à l'Iran, à la Turquie, aux pays du Golfe", a souligné le chef de l'Etat

M. Hollande a demandé la "mise en place de contrôles coordonnés et systématiques aux frontières" de l'Union européenne, ainsi que "l'approbation avant la fin de l'année" du fichier européen des passagers aériens (PNR) pour "assurer la traçabilité du retour des jihadistes et les interpeller".

"Il est vital que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile mais renvoie dans leurs pays ceux qui n’en relèvent pas", a déclaré le chef de l'Etat. Pour lui, les habitants de Syrie ou d'Irak, "notamment ceux des territoires contrôlés par Daech, sont martyrisés et fuient".