Etats-Unis et UE s’attaquent au cœur de l’économie russe

Publié le Samedi 13 Septembre 2014 à 10:08
Reuters - Après l'entrée en vigueur vendredi des sanctions de l'Union européenne à l'encontre de la Russie, les Etats-Unis ont à leur tour dévoilé un nouveau train de mesures, visant les secteurs des banques, du pétrole et de la défense, au cœur de l'économie russe.

Si les Européens ont privé cinq établissements bancaires russes d'accès à ses marchés du financement, les Etats-Unis ont porté leur liste à six, visant notamment le plus important d'entre eux en termes d'actifs, Sberbank, en leur interdisant là encore de lever des fonds aux Etats-Unis.

Le secteur pétrolier russe, dont les principaux débouchés se situent en Europe, risque lui aussi de ressentir l'effet des nouvelles sanctions américaines.

Selon un haut responsable américain, elles ont pour objectif de les empêcher de poursuivre leurs activités de forages en eaux profondes, d'exploration pour leurs projets de schiste bitumineux en Russie ou encore de production dans l'Arctique.

"Elles sont élaborées de manière à empêcher ce type d'exploration et de production pétrolière en privant ces sociétés russes des équipements, technologies et services dont elles ont besoin pour fonctionner", a-t-il dit.

Les sanctions concernent notamment Gazprom, Gazprom Neft, Loukoil, Surgutneftegas ou encore Rosneft, mais elles risquent également de concerner des compagnies occidentales comme Exxon Mobil ou BP qui ont noué des partenariats avec des groupes russes.

"Ces mesures soulignent la détermination de la communauté internationale contre l'agression russe", a déclaré le secrétaire au Trésor Jack Lew. "L'isolement de la Russie sur les plans économique et diplomatique va aller croissant aussi longtemps que ses actions ne seront pas en accord avec son discours."  

Vendredi, un haut responsable russe a prévenu que des sanctions occidentales contre le secteur russe du pétrole pourraient provoquer des pénuries d'essence si elles visaient des technologies permettant de moderniser les raffineries.

Le secteur russe de la défense est également dans le viseur américain, à commencer par le conglomérat Rostec, dont les activités vont de la fabrication de kalachnikov à la construction de voitures, également privé d'accès aux marchés américains du financement.

Des responsables américains ont souligné que les sanctions pourraient être levées si Moscou prenait un certain nombre de décisions, celle de retirer ses troupes du territoire ukrainien notamment, une présence toutefois niée par la Russie.

En Europe, on explique également que Moscou a les cartes en main pour une levée des sanctions. Les Vingt-Huit se sont entendus pour laisser la porte ouverte à une annulation intégrale ou partielle de ces mesures dès le mois prochain en cas de progrès du processus de paix dans l'est de l'Ukraine.

Les mesures européennes visent à la fois des entreprises publiques mais également des responsables politiques russes dont les avoirs sont gelés et qui ne pourront plus se rendre dans l'UE.

Au total, 119 personnes et 23 organisations ou entreprises font désormais l'objet de sanctions européennes.

En déplacement au Tadjikistan, le président russe Vladimir Poutine, qui s'adressait à la presse à l'issue d'une réunion de l'Organisation de coopération de Shanghai, a jugé ces mesures "un peu étrange" au regard du cessez-le-feu entré en vigueur récemment dans le cadre d'un plan de paix global a dit réfléchir à des représailles.

Moscou a lancé une première contre-attaque en annonçant que l'Organisation mondiale du commerce (OMC) serait sollicitée. "Le dernier train de sanctions nous donne de quoi en appeler à l'OMC. Et nous le ferons", a déclaré le ministre russe de l'Economie Alexeï Oulioukaïev.
Le ministère russe des Affaires étrangères a lui aussi annoncé que des contre-sanctions seraient rapidement annoncées, qualifiant les mesures américaines "d'hostiles".

"Bien sûr, nos mesures de rétorsion n'attendront pas longtemps", indique un communiqué du ministère.

L'Union européenne, la Russie et l'Ukraine ont convenu vendredi de repousser à la fin 2015 l'entrée en vigueur de l'accord d'association conclu entre Bruxelles et Kiev, a annoncé le commissaire européen au Commerce Karel de Gucht.

L’UE reporte l'accord d'association avec l'Ukraine

L'Ukraine continuera de bénéficier d'un accès privilégié au marché de l'Union européenne jusqu'à cette date, a-t-il ajouté.

"Nous avons accepté de retarder l'application provisoire jusqu'à la fin de l'année prochaine et de prolonger les mesures commerciales autonomes sur la même période. Cela donne une marge de manœuvre pour discuter de tout problème susceptible d'émerger et ensuite, il reviendra aux trois parties concernées de voir ce qu'elles feront après le 1er janvier 2016. J'espère qu'on arrivera à une solution d'ici là", a-t-il dit à la presse.

Le ministre russe de l'Economie, Alexeï Oulioukaïev, a indiqué de son côté que Moscou n'imposerait pas de droits de douanes sur les importations venant d'Ukraine pendant ce report.

La Russie menaçait de taxer ses importations ukrainiennes si l'accord entrait en application le 1er novembre comme prévu.