Egypte : Sept à dix ans de prison pour des journalistes d’al-Jazeera

Publié le Lundi 23 Juin 2014 à 10:52
Les journalistes d'al-Jazeera condamnés à la prison. AFP - Un tribunal égyptien a condamné lundi à des peines de sept à dix ans de prison trois journalistes de la chaîne qatarie Al Jazeera, accusés de soutenir les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, cibles d'une implacable et sanglante répression.

L'Égypto-Canadien Mohamed Fadel Fahmy, chef du bureau d'Al Jazeera avant que la chaîne ne soit interdite en Égypte, et son confrère australien Peter Greste ont été condamnés à sept ans de prison, tandis que l'Égyptien Baher Mohamed a écopé de la même peine assortie d'une seconde, de trois ans, portant à dix le nombre d'années qu'il devra passer en prison. Tous trois étaient détenus depuis près de 160 jours. Dans cette affaire, qui a provoqué un tollé international, neuf autres accusés jugés par contumace - dont trois journalistes étrangers, deux Britanniques et une Néerlandaise - ont été condamnés à dix ans de prison. Au total, 16 Égyptiens étaient accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" - les Frères musulmans- et d'avoir cherché à "nuire à l'image de l'Égypte" et quatre étrangers d'avoir diffusé "de fausses nouvelles" en vue de soutenir la confrérie.

Ce verdict intervient sur fond d'une sanglante répression des pro-Morsi et deux semaines après l'élection à la présidence d'Abdel Fattah al-Sissi, avec 96,9 % des suffrages. Ce maréchal à la retraite dirigeait déjà de facto le pays depuis qu'il a destitué et fait arrêter Mohamed Morsi le 3 juillet 2013. Depuis, soldats et policiers ont tué plus de 1 400 manifestants pro-Morsi, arrêté plus de 15 000 personnes, dont des centaines ont été condamnées à mort ou à la prison à perpétuité dans des procès expéditifs.

Alors qu'ils couvraient ces événements, Peter Greste et Mohamed Fadel Fahmy avaient été arrêtés le 29 décembre dans une chambre d'hôtel du Caire transformée en bureau après une descente de police dans les locaux d'Al Jazeera. Les journalistes travaillaient sans l'accréditation obligatoire pour tous les médias.