Egypte : Le tribunal ordonne la libération des deux fils de Moubarak

Publié le Vendredi 23 Janvier 2015 à 10:26
AFP - Un tribunal égyptien a ordonné jeudi la remise en liberté des deux fils de l’ex-président Hosni Moubarak en attendant leur nouveau jugement dans une affaire de corruption, a affirmé un responsable du tribunal.

Leur avocat Farid al-Deeb a indiqué à l’AFP qu’Alaa et Gamal Moubarak ont atteint la période maximale légale de détention provisoire et peuvent donc quitter la prison.

La prison où sont détenus les deux frères a été notifiée de la décision et les procédures pour leur remise en liberté sont en cours, selon un responsable de la police.

Les deux fils, accusés d’avoir détourné plus de 10 millions d’euros d’argent public alloués à l’entretien des palais présidentiels, doivent être jugés de nouveau avec leur père Hosni Moubarak, l’ex-président renversé en 2011.

Dans cette affaire, ils avaient écopé de quatre ans de prison en mai tandis que leur père avait été condamné à trois ans de réclusion. Mais la Cour de cassation a annulé le 13 janvier ce verdict et ordonné un nouveau procès.

La remise en liberté du clan Moubarak représente un dilemme pour le président Abdel Fattah al-Sissi, souvent accusé par les défenseurs des droits de l’Homme d’avoir instauré un régime plus autoritaire encore que celui de l’ex-Raïs, depuis qu’il a destitué et fait arrêter son prédécesseur, l’islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

M. Moubarak va rester en détention dans un hôpital militaire du Caire même si techniquement il est libre, a affirmé son avocat. Selon les médias étatiques, sa remise en liberté dépend d’une décision de la justice.

En novembre, un tribunal avait blanchi M. Moubarak et ses deux fils d’autres accusations de corruption. Et l’accusation de complicité de meurtre a été abandonnée contre M. Moubarak, jugé pour la mort de centaines de manifestants durant la répression du soulèvement de 2011.
Dans une autre affaire, les deux fils Moubarak sont toujours jugés pour des faits de corruption à la Bourse.

Jeudi, après l’annonce de la décision de justice, plusieurs dizaines de manifestants, vraisemblablement islamistes, ont tenté de se rassembler dans le centre du Caire, mais ont été rapidement dispersés par la police, selon un responsable du ministère de l’Intérieur. Treize personnes ont été arrêtées.

De manière générale cependant, les procès du clan Moubarak sont désormais éclipsés par ceux intentés contre M. Morsi et les dirigeants de sa confrérie islamiste des Frères musulmans, qui sont quasiment tous derrière les barreaux et risquent la peine de mort dans divers procès.

Depuis l’éviction de M. Morsi, soldats et policiers ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, dont 700 en quelques heures au centre du Caire le 14 août 2013. Plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été arrêtés et des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés, par l’ONU, de «sans précédent dans l’Histoire récente».

La décision de jeudi intervient quelques jours avant le quatrième anniversaire de la révolte de 2011, célébré le 25 janvier.

Mais après quatre années d’instabilité politique et de crise économique, le régime de M. Moubarak, autrefois honni en raison des abus de la police, de la corruption et des inégalités sociales, a retrouvé une certaine popularité dans l’opinion publique et les médias.