Egypte : Devenu président, Sissi promet l’intransigeance contre la violence

Publié le Lundi 09 Juin 2014 à 09:27
Abdel Fattah al-SissiAFP - L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, qui dirige de facto l'Egypte depuis qu'il a destitué son prédécesseur l'islamiste Mohamed Morsi il y a près d'un an, a prêté serment dimanche, promettant de combattre "sans répit" ceux qui commettent des violences.

Le maréchal à la retraite a été élu fin mai à la tête du plus peuplé des pays arabes avec 96,9% des suffrages, mais après avoir éliminé toute opposition, islamiste d'abord en réprimant dans le sang les pro-Morsi, puis libérale et laïque.

"J'aspire à une nouvelle ère basée sur la réconciliation (...) mais pas avec ceux qui ont commis des crimes", a-t-il lancé dans la soirée dans un discours à la Nation alors que certaines capitales occidentales l'appellent à œuvrer à une "transition démocratique", via notamment une réconciliation nationale incluant les Frères musulmans de M. Morsi, qui avaient remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak début 2011.

M. Sissi a semblé d'emblée l'exclure dimanche. "Je le dis de manière très claire: il n'y aura pas de laxisme, pas de répit avec ceux qui ont recours à la violence, qui ont du sang sur les mains", a-t-il prévenu.

Ces menaces visent clairement les Frères musulmans. Tous leurs leaders, à l'instar de M. Morsi, sont emprisonnés et jugés pour "violences" dans des procès où ils encourent la peine de mort. La confrérie a été interdite et décrétée "organisation terroriste" en décembre par le pouvoir qui l'accuse des nombreux attentats perpétrés contre les policiers et les soldats, pourtant revendiqués par des insurgés jihadistes s'inspirant d'Al-Qaïda.

M. Sissi a prêté serment dans la matinée devant la Cour constitutionnelle suprême et des cérémonies ont suivi toute la journée en présence de quelques souverains arabes et chefs d'Etats africains.

Alors chef de la toute puissante armée, il avait destitué et fait emprisonner le 3 juillet 2013 M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte mais vite devenu impopulaire.
Puis le gouvernement intérimaire qu'il a mis en place a mené une implacable et sanglante répression contre les partisans de M. Morsi.

En onze mois, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués, plus de 15.000 Frères musulmans emprisonnés et des centaines ont été condamnés à mort en quelques minutes dans des procès de masse.

Dans les premiers mois du gouvernement intérimaire, des organisations internationales de défense des droits de l'Homme avaient dénoncé un retour à un "régime plus autoritaire" que celui de M. Moubarak. Et les capitales occidentales, ainsi que l'ONU, s'étaient émus de la sanglante répression visant les pro-Morsi.

Mais les Occidentaux, Etats-Unis en tête, ont fini par se ranger à la nécessité de maintenir des relations fortes avec le nouveau chef de ce pays stratégique dans le processus de paix israélo-palestinien et allié-clé dans la lutte contre le "terrorisme" islamiste.

Pour justifier son coup de force, M. Sissi avait invoqué les millions d'Egyptiens qui avaient manifesté le 30 juin 2013 pour réclamer le départ de M. Morsi, accusé de vouloir accaparer tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et d'achever de ruiner une économie déjà exsangue.

M. Sissi, dont de nombreux Egyptiens attendent qu'il mette fin à trois années de chaos politique et économique ayant suivi la chute de Moubarak, n'a pas eu à battre la campagne pour être élu, jouissant d'un véritable culte de la personnalité.

Il avait donné le ton dans quelques discours aux allures martiales avant la présidentielle: "Le temps n'est plus aux manifestations mais au travail". Avant de lâcher sans ciller, ni provoquer d'émoi au sein d'une population ayant largement cédé à la Sissi-mania: "Il faudra 20 à 25 ans à l'Egypte pour être prête pour la vraie démocratie".

"Le temps est venu pour notre grand peuple de recueillir les fruits de leurs deux révolutions", a-t-il déclaré dimanche dans son discours d'investiture à propos de la révolte ayant fait chuter Moubarak et les manifestations anti-Morsi de juin 2013.


 

Commentaires 

 
+1 #2 RE: Egypte : Devenu président, Sissi promet l’intransigeance contre la violence
Ecrit par Montygolikely     09-06-2014 14:13
Il ne va pas faire bon être islamiste en Egypte...
 
 
-3 #1 RE: Egypte : Devenu président, Sissi promet l’intransigeance contre la violence
Ecrit par Canstantinopolis     09-06-2014 12:23
Jusqu’à maintenant je ne sais pas comment et par quel moyen a t-il réussi a devenir président.
Je sais qu'il a flingué une bonne parti de son peuple a coup de char de combat et de milicien copte.
Faudrait m'expliquait pour être président chez les arabes faut il tuer une parti de son peuple?
Tu essaye de jouer le démocrate, tu ne deviens pas président, tu essaye de jouer le dictateur tu deviens président.
 
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