Egypte : Al-Jazeera juge scandaleux le verdict contre ses journalistes

Publié le Samedi 29 Août 2015 à 11:43
 AFP - La condamnation samedi par un tribunal du Caire de trois journalistes d'Al-Jazeera à trois ans de prison ferme est "scandaleuse et répugnante", a fustigé le directeur exécutif de la chaîne qatarie.

Ce verdict à l'encontre de l'Australien Peter Greste, du Canadien Mohamed Fahmy et de l'Egyptien Baher Mohamed, accusés d'avoir "diffusé de fausses informations" pour soutenir les Frères musulmans, est "une attaque délibérée contre la liberté de la presse", a aussi réagi Al-Jazeera dans un communiqué.

La justice égyptienne a rendu samedi son verdict dans le nouveau procès des trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera : trois ans de prison ferme pour chacun. Une première condamnation à des peines allant jusqu'à 10 ans de prison avait provoqué un tollé international.

L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed ont été reconnus coupable d'avoir "diffusé de fausses informations" et d'avoir travaillé au Caire sans les autorisations nécessaires. Le juge Hassan Farid a même affirmé "qu'ils n'étaient pas des journalistes" car ils n'étaient pas enregistrés comme tel auprès des autorités compétentes.

Les reporters étaient accusés d'avoir soutenu dans leur couverture médiatique les Frères musulmans, la confrérie de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013.

MM. Fahmy et Mohamed étaient présents au tribunal, tandis que M. Greste est jugé par contumace, après avoir été expulsé vers l'Australie en février en vertu d'un décret présidentiel.
"La seule issue juste de ce procès c'était un acquittement", a indiqué Amal Clooney, l'avocate de

M. Fahmy, après le verdict, soulignant "le manque de preuves".
Avant l’audience, Mme Clooney avait prévenu qu'elle rencontrerait des responsables du gouvernement pour demander -  en cas de condamnation - un pardon présidentiel ou une expulsion.

"Je suis choqué, terriblement choqué", a déclaré à l'AFP le frère de M. Fahmy, Adel, après le verdict. "Nous attendions un acquittement et nous nous retrouvons bloqués encore une fois dans cette affaire. C'est illogique".

Lors d'un premier procès en juin 2014, M. Fahmy et M. Greste avaient écopé de sept ans de prison et M. Mohamed de dix ans. Mais la Cour de cassation avait annulé les condamnations des journalistes employés par l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, ordonnant un nouveau procès.
"Depuis le début, c'est un procès politique. Si justice il y a, nous devons être acquittés, nous sommes des journalistes impartiaux", s'est insurgé vendredi M. Fahmy, précisant qu'un comité technique chargé par la cour d'analyser leurs vidéos avait exclu toute "falsification".

A l'ouverture du nouveau procès en février, lui et M. Mohamed avaient été remis en liberté conditionnelle après plus de 400 jours de détention. Ils ont été de nouveau arrêtés samedi après le verdict.

"Les yeux du monde sont sur l'Egypte aujourd'hui- une opportunité pour la justice égyptienne de se montrer juste", a indiqué M. Greste sur son compte Twitter.