Dilma Roussef écartée du pouvoir, procédure de destitution enclenchée

Publié le Jeudi 12 Mai 2016 à 10:45
Dernière mise à jour, le Jeudi 12 Mai 2016 11:48
Dilma RousseffReuters - Le Sénat brésilien a approuvé jeudi, par 55 voix contre 22, l'ouverture d'un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff, accusée d'avoir maquillé les comptes publics.

Les fonctions de chef de l'Etat de Dilma Rousseff seront suspendues durant le procès, d'une durée maximale de 180 jours, et le vice-président Michel Temer sera chargé d'assurer l'intérim.

Michel Temer devrait annoncer dès jeudi la composition de son gouvernement. L'un de ses alliés, le sénateur Romero Juca, a déclaré mercredi que les nouveaux ministres prêteraient serment dans la journée. Henrique Meirelles, ancien président de la banque centrale, devrait être nommé aux Finances, selon la presse.

Au terme de ce procès en destitution, d'une durée maximale de 180 jours, une majorité des deux tiers, soit 54 voix sur 80, sera nécessaire pour acter la destitution de Dilma Rousseff. Dans cette hypothèse, Michel Temer assurerait la présidence jusqu'à la fin de son mandat, le 31 décembre 2018.

L'opposition reproche à Dilma Rousseff d'avoir ruiné une économie qui fut un temps l'une des plus performantes des pays en développement en mettant en œuvre des mesures qualifiées de populistes qui se sont traduites par une envolée de l'inflation, une entrée en récession et une explosion du chômage. 

"Aujourd'hui, nous essayons de surmonter cette situation en révoquant ce gouvernement irresponsable. Nous n'avons pas d'alternative", a déclaré le sénateur Blairo Maggi, l'un des plus gros producteurs brésiliens de soja, qui devrait entrer au gouvernement de Michel Temer pour prendre le portefeuille de l'agriculture.

Devant le Sénat, protégé par une clôture métallique érigée pour séparer les manifestants, près de 6.000 partisans de la destitution de Rousseff se sont réunis pour exprimer leur joie. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les partisans de la présidente.

Dilma Rousseff a l'intention de dissoudre le gouvernement dès sa destitution approuvée et a donné des instructions pour ne pas faciliter la transition, car elle considère sa destitution comme illégale. Son gouvernement s'est tourné vers la Cour suprême pour contester la procédure mais son recours a été rejeté mercredi.

Dans son bureau du Planalto, le palais présidentiel, ses conseillers ont rangé ses affaires et débarrassé les étagères.

Première femme élue à la tête de la première puissance économique d'Amérique latine, Dilma Rousseff, 68 ans, qui a dénoncé à de multiples reprises un "coup d'Etat", s'est montrée combative jusqu'au dernier moment, mais la situation économique déplorable du pays conjuguée à la multiplication des scandaleq politico-financiers ont précipité sa chute.
"Je ne démissionnerai pas, cela ne m'a jamais traversé l'esprit", a-t-elle déclaré jeudi.

Les sondages d'opinion montrent qu'une écrasante majorité de Brésiliens souhaitent que Dilma Rousseff soit destituée, mais Michel Temer ne jouit pas, lui non plus, d'une immense popularité.
"J'ai voté pour Dilma, je crois que c'est une grande dirigeante, mais je pense aussi qu'elle a tellement mal travaillé que l'heure de son départ est venue", a expliqué Leticia Britto, une étudiante de Sao Paulo. "La meilleure façon d'avancer serait de convoquer des élections."