Roussef entame son 2ème mandat et promet une lutte contre la corruption

Publié le Vendredi 02 Janvier 2015 à 09:51
Dilma RousseffReuters & AFP - Le gouvernement brésilien va réduire les dépenses publiques afin de permettre la relance de l'économie en faisant en sorte de peser le moins possible sur la population, a déclaré la présidente Dilma Rousseff qui entamait officiellement jeudi un nouveau mandat de quatre ans.

"Nous allons prouver qu'il est possible de procéder à des ajustements économiques sans supprimer des droits et sans trahir les engagements passés", a-t-elle dit devant le Congrès.
"Plus que quiconque, je sais ce dont le Brésil a besoin pour renouer avec la croissance. Les premières mesures à prendre sont une remise à plat des comptes publics, encore plus d'économies, une relance des investissements et des efforts pour une meilleure productivité", a-t-elle ajouté.

En écho au scandale de pots-de-vin concernant Petrobras, le géant pétrolier brésilien, la présidente a annoncé la mise en place de mécanismes destinés à prévenir la corruption dans les entreprises publiques.

Dilma Rousseff, 67 ans, a été réélue fin octobre à la présidence brésilienne après avoir devancé son adversaire de l'opposition Aecio Neves au second tour. Sa formation, le Parti des travailleurs (PT), est au pouvoir depuis douze ans et a mis en œuvre des programmes de redistribution sociale qui ont contribué à sortir plus de 40 millions de Brésiliens de la pauvreté.

Mme Rousseff a été la première femme en 2010 à gouverner ce pays de plus de 200 millions d'habitants et septième économie du monde, qui possède de gigantesques réserves de pétrole pré-salifères, situés en eaux très profondes sous une épaisse couche de sel.

Réélue de justesse fin octobre contre le social-démocrate Aecio Neves, soutenu par la droite, Mme Rousseff a tiré bénéfice des programmes sociaux mis en place par le Parti des Travailleurs, au pouvoir depuis douze ans, qui ont sorti 40 millions de Brésiliens de la misère.

"Nous avons aujourd'hui la première génération de Brésiliens qui n'ont pas connu la tragédie de la faim", s'est félicitée Mme Rousseff, qui a souligné que la priorité de son second mandat serait donnée également à "l'éducation", avec les ressources des royalties du pétrole.

"La nouvelle devise de mon gouvernement sera Brésil, patrie éducatrice", a-t-elle dit.

Mais lors de son premier mandat, où la priorité avait été donnée au social, la croissance du PIB s'est détériorée en passant de 7,5% en 2010 à une prévision proche de zéro. L'inflation a, elle, dépassé le plafond de tolérance en novembre, à 6,56%.

Et d'ores et déjà, Dilma Rousseff a donné le ton en nommant sa nouvelle équipe économique dirigée par Joaquim Levy, un orthodoxe apprécié des marchés, qui a annoncé des mesures comme la réduction de l'assurance chômage et la suspension des subventions gouvernementales pour éviter la hausse des tarifs de l'électricité.

La corruption est l'autre grand chantier de Dilma Roussef qui prend ses fonctions en plein scandale au sein de la compagnie publique pétrolière Petrobras, l'entreprise phare du pays.

- "Pas peur" d'affronter la corruption -
"Le peuple brésilien veut plus de transparence et plus de lutte contre tous les types de délits, en particulier la corruption, et il veut que la justice s'applique à tous. Je n'ai pas peur d'affronter ces défis", a t-elle déclaré devant le Parlement.

Elle a alors promis d'enquêter "avec rigueur" sur le scandale Petrobras, et de faire parvenir au Parlement au premier semestre 2015 une série de mesures visant à durcir les peines pour corruption.

"Nous devons enquêter et punir sans affaiblir Petrobras, ni réduire son importance pour le présent et l'avenir. Nous ne pouvons pas permettre que Petrobras soit la cible d’intérêts spéculatifs", a poursuivi la chef de l'Etat.

Le scandale de Petrobras a éclaté peu avant la réélection de Dilma Rousseff. L'opération policière "Lavage rapide" a montré que le réseau de corruption a blanchi près de 4 milliards de dollars en dix ans. Petrobras fait face à des plaintes d'investisseurs internationaux et les agences de notation pourraient abaisser sa note, de quoi porter un sérieux coup à ses plans d'investissements.

Le parquet a lancé des poursuites pour corruption, blanchiment et association de malfaiteurs contre 39 personnes, pour la plupart des entrepreneurs, qui surfacturaient des contrats à Petrobras pour verser des pots-de-vin à certains de ses directeurs.