Des incertitudes après la mise sous tutelle de la catalogne

Publié le Lundi 30 Octobre 2017 à 09:52
Reuters - Après la démonstration de force des anti-indépendantistes dimanche à Barcelone, la vie reprend son cours lundi matin en Catalogne avec une première journée d‘administration directe de la région par le gouvernement espagnol.

Mariano Rajoy a ordonné vendredi la mise sous tutelle de la généralité afin d’étouffer toutes les velléités d‘indépendance des autorités locales dont la destitution a été prononcée. Cette période de transition devrait courir jusqu‘au 21 décembre, date retenue pour des élections régionales anticipées.

Cette tentative de reprise en main se heurte à l‘obstination des dirigeants catalans, le président Carles Puigdemont et le vice-président Oriol Junqueras de la région, qui ont rejeté cette mise sous tutelle et rappelé que seuls les électeurs pouvaient les démettre de leurs fonctions.

Les organisations indépendantistes ont appelé à la désobéissance civile et fourni des instructions détaillées aux 200.000 fonctionnaires de Catalogne sur l‘attitude à adopter.

La plupart de ces employés débutent leur journée de travail à 09h00 (08h00 GMT). S‘ils refusent, en nombre, d‘assurer leur mission de service public, le gouvernement de Madrid se trouvera rapidement confronté à la question de la mise en œuvre effective de cette tutelle.

Une autre incertitude concerne l‘attitude des dirigeants et parlementaires catalans en cette première journée. Vont-ils tenter d‘accéder à leurs bureaux et continuer à travailler alors qu‘ils ont été destitués ? Et si oui, quel sera le comportement des Mossos, les 17.000 policiers régionaux divisés sur la question de l‘indépendance dont le chef a été remplacé ?

La Vanguardia, le journal régional de référence, rapportait dimanche que les membres du gouvernement catalan avaient quitté leurs bureaux qui étaient de fait sous le contrôle des autorités de Madrid.

Plusieurs ministres espagnols se sont dits convaincus que les fonctionnaires catalans obéiraient aux ordres qui leur seraient donnés, rappelant que tout contrevenant pourrait être limogé.

Le ministre de l‘Intérieur Juan Ignacio Zoido a salué dimanche dans une lettre le travail accompli par les Mossos et les a appelés à accepter la direction temporaire de Madrid.
“Nous avons ouvert un nouveau chapitre et dans ce nouveau chapitre les Mossos d‘Esquadra vont redevenir la police de tous les Catalans. C‘est leur devoir”, écrit le ministre.

Une autre inconnue concerne le mouvement de délocalisation des entreprises qui ont fui la région en raison de l‘instabilité politique. Plusieurs centaines ont déjà transféré leur siège depuis le début du mois.

Madrid peut compter sur le soutien de plusieurs lobbies économiques influents qui souhaitent que cette hémorragie s‘arrête.