Crash A320: le copilote a précipité l'avion contre la montagne

Publié le Jeudi 26 Mars 2015 à 10:42
Dernière mise à jour, le Jeudi 26 Mars 2015 16:09
AFP- Le copilote de l'A320 de Germanwings qui s'est écrasé mardi, faisant 150 victimes, a volontairement précipité l'avion contre la montagne, alors qu'il se trouvait seul dans le cockpit de l'appareil après avoir refusé d'en rouvrir la porte au commandant de bord, sorti pour aller aux toilettes.

A ce stade, "rien ne permet de dire qu'il s'agit d'un attentat terroriste", a cependant insisté mercredi le procureur de la République de Marseille Brice Robin au cours d'une conférence de presse tenue à l'aéroport de Marignane, près de Marseille, où ont atterri mercredi matin les proches de victimes du crash, qui devaient ensuite se rendre à proximité des lieux où l'avion s'est écrasé.

Le copilote en question, nommé Andreas Lubitz et âgé de 28 ans, n'était "pas répertorié comme terroriste", a pointé M. Robin, le premier à confirmer officiellement des informations initialement données par le New York Times sur la base des éléments contenus dans la première boîte noire de l'appareil --qui enregistre tous les sons du cockpit.

En effet, selon les informations révélées cette nuit par le site du « New York Times », après un début de vol habituel, l’un des deux pilotes a quitté le cockpit et n’a pas pu y retourner pendant la chute de l’appareil. Une source proche de l’enquête, qui a eu connaissance de la teneur des enregistrements de la boîte noire, a confirmé l’information à l’AFP.

Le procureur de la République en charge du dossier devra sans doute répondre sur ce point lors de la conférence de presse qu’il tiendra ce jeudi, à 12h30 (heure de Paris). Dans la matinée, il rencontrera des familles et des proches des victimes.

« Des bruits indiquant qu’on retape à la porte »
« Au début du vol, on entend l’équipage parler normalement, puis on entend le bruit d’un des sièges qui recule, une porte qui s’ouvre et se referme, des bruits indiquant qu’on retape à la porte et il n’y a plus de conversation à ce moment-là jusqu’au crash », a indiqué la source proche de l’enquête. Les deux pilotes s’exprimaient en allemand.

Et, à la fin du vol, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent, a indiqué cette même source, qui n’était pas en mesure de dire si c’était le commandant de bord ou le copilote qui a quitté la cabine de pilotage.

« Nous ne savons pas encore pour quelle raison l’un des pilotes a quitté le cockpit », a encore expliqué la source du « New York Times », la seule chose certaine c’est « qu’au dernier moment du vol, l’autre pilote était seul et n’a pas ouvert la porte ». Ces informations proviennent de l’audition par les enquêteurs de la boîte noire enregistrant les sons dans le cockpit. Le cockpit voice recorder (CVR) a été retrouvé mardi quelques heures après l’accident et sa lecture a été effectuée mercredi en fin de journée.
Le pilote a la possibilité de bloquer la porte de l'intérieur.

En tout état de cause, le scénario décrit par le « New York Times » est d'autant plus crédible qu'Airbus a renforcé le système de verrouillage et de dévérouillage du cockpit après les attentats du 11 septembre 2001.

Une vidéo institutionnelle réalisée en 2002 par Airbus montre clairement qu'un pilote dispose d'une commande qui lui permet de décider de l'ouverture de la porte en bloquant le digicode extérieur normalement utilisé par l'équipage. Une sécurité destinée à prévenir toute intrusion d'un éventuel pirate.

L’avion a volé jusqu’au bout
Sur l’explication du drame, « à ce stade, on ne ferme aucune hypothèse », avait indiqué mercredi le directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) Rémi Jouty, précisant toutefois que l’avion n’avait pas explosé en vol, mais avait bien « volé jusqu’au bout » avant de se désintégrer en milliers de morceaux contre la montagne. Mercredi matin, le ministre de l’Intérieur français avait indiqué que l’hypothèse terroriste n’était « pas privilégiée ».

« Si les pilotes n’ont pas empêché l’avion d’aller s’écraser contre les montagnes, c’est que soit ils étaient inconscients ou morts, soit ils ont décidé de mourir, soit on les a obligés à mourir », avait résumé un expert, interrogé par l’AFP.

Le copilote de l’Airbus de Germanwings avait été engagé en septembre 2013 par la compagnie aérienne et comptait 630 heures de vol, a indiqué jeudi le groupe Lufthansa. Sa nationalité n’est par ailleurs pas connue avec précision, a poursuivi la même source.

Hélitreuillage des victimes
Ces révélations interviennent alors que les premiers corps ou restes des 150 victimes de l’accident de l’Airbus de Germanwings, filiale de Lufthansa, ont été hélitreuillés mercredi par les équipes de secours sur le lieu du drame , près de Digne dans les Alpes-de-Haute-Provence où sont attendus jeudi des familles de victimes, venant surtout d’Allemagne et d’Espagne.

Plusieurs centaines de personnes, familles ou proches des victimes, doivent être accueillies dans les chapelles ardentes dressées dans deux localités proches du lieu de l’accident, Seyne-les-Alpes et Le Vernet. Deux avions devaient partir de Düsseldorf et Barcelone pour Marseille afin de permettre aux proches des disparus de se rendre à proximité des lieux de la catastrophe. Deux autocars en provenance d’Espagne étaient aussi attendus.

Les recherches se poursuivent
Mercredi, les dirigeants français, allemand et espagnol François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy se sont recueillis sur le lieu du crash. L’Allemagne et l’Espagne, qui ont mis leurs drapeaux en berne mercredi, sont les deux pays les plus touchés par le drame, avec respectivement 72 et 51 victimes. Mercredi soir, plusieurs minutes de silence ont été observées avant des matchs de football du Bayern Munich, du Real Madrid, ainsi qu’un match amical Allemagne-Australie à Kaiserslautern.

Sur le lieu de l’accident, à 1.500 mètres d’altitude, dans une zone difficile d’accès, plus de 300 gendarmes, 280 policiers, une centaine de sapeurs-pompiers, 70 chasseurs alpins venus de Gap, ainsi qu’une dizaine de médecins-légistes, sont mobilisés pour les opérations de recherche et d’enquête. L’identification des corps prendra « des jours et même des semaines », a prévenu le procureur de la République de Marseille Brice Robin. Interpol a envoyé une équipe de spécialistes, pour aider à cette tâche