Chevènement accepte de présider la fondation pour l’Islam de France

Publié le Lundi 15 Août 2016 à 10:20
Jean-Pierre ChevènementLe Parisien - Jean-Pierre Chevènement, 77 ans, accepte de diriger la fondation pour l’Islam de France. L’homme politique et ancien ministre de l’Intérieur français, livre dans une interview au Parisien ses projets et sa vision de l'islam de France.

Chevènement considère cette mission comme une tâche d'intérêt public car les 4,1 millions de musulmans que compte la France doivent pouvoir exercer leur culte mais dans le respect de la laïcité et des principes de la République. Cette mission est tellement d'intérêt public qu'aucun responsable ne peut s'y dérober. Je ne m'y déroberai donc pas sauf si ma nomination devait entraîner des problèmes insolubles qui me forceraient à me retirer. Je dis à un certain nombre d'hommes politiques de l'opposition : il en va de l'intérêt du pays que cette fondation, d'ailleurs mise en place en 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, puisse enfin fonctionner. Comme le dit Omar Sy, nous portons tous le maillot bleu de l'équipe de France.

Sur le fait qu’il ne soit pas musulman, il rétorque : Ce que l'on me propose est la présidence de la Fondation pour les œuvres de l'islam de France qui a une vocation d'intérêt général, et non de l'association cultuelle qui y sera adossée. Le futur président de la Fondation ne sera pas chargé de promouvoir l'islam. Je n'y ai aucun titre, je ne suis pas musulman, je suis un républicain laïc.

La laïcité n'est pas tournée contre la religion, elle libère la spiritualité de toute emprise de l'Etat. Je n'entends nullement m'immiscer dans la sphère du religieux.

L'émergence d'un islam de France compatible avec la République représente une œuvre de longue haleine d'autant plus nécessaire aujourd'hui que des courants salafistes se développent partout dans le monde, y compris en France depuis une quinzaine d'années, mettant à leur merci certains jeunes à l'esprit fragile. C'est une bonne réponse à la poussée du terrorisme, conforme à l'intérêt des musulmans, aussi bien qu'à l'intérêt de la France.

La mission première de cette fondation est, selon ses dires, la formation profane des imams. Il faut leur enseigner ce qu'est la citoyenneté française, le cas échéant la langue française, les principes généraux du droit, en tout cas ceux régissant les rapports entre le culte musulman et les pouvoirs publics. Il s'agira aussi de promouvoir des projets culturels ayant pour but de faire mieux connaître la civilisation musulmane, laquelle, à certaines époques comme à la fin du premier millénaire, a brassé les cultures et a été une des grandes matrices du monde moderne. Il faudra aussi réfléchir à la création d'un institut de recherche - profane -- en islamologie.

Il a dit avoir  posé deux conditions à ma présidence éventuelle. Tout d'abord, que les financements étrangers soient prohibés afin que tout se passe dans la plus grande transparence et que l'islam de France dépende d'un argent collecté en France. D'autre part, mon acceptation de principe ne signifie en aucune manière que je renonce à ma liberté d'expression en tant qu'homme politique au long cours. Mais je ressens vivement, en raison des drames que vit notre pays et aux épreuves qui l'attendent, qu'une certaine unité nationale doit se manifester.

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