Attentat d’Istanbul : Les nationalités des Kamikazes connues

Publié le Vendredi 01 Juillet 2016 à 07:48
AFP - Les trois kamikazes qui se sont fait exploser à l'aéroport international d'Istanbul étaient russe, ouzbek et kirghiz, a indiqué jeudi un responsable turc. « Nous pouvons confirmer que les assaillants d'Istanbul sont de Russie, d'Ouzbékistan et du Kirghizstan », a affirmé ce responsable sous couvert d'anonymat.

Le triple attentat-suicide de mardi qui a fait 43 morts, dont 19 étrangers, et plus de 200 blessés n'a pas été revendiqué, mais le gouvernement a pointé les jihadistes de l'organisation État islamique. La police turque a procédé jeudi à 13 arrestations, dont celles de trois étrangers, lors d'une descente dans 16 adresses différentes d'Istanbul, avait annoncé l'agence Anadolu. Neuf autres personnes ont été arrêtées dans la ville portuaire d'Izmir (ouest), mais les responsables n'ont pas pu confirmer si ces arrestations avaient un lien avec l'attaque.

Le déroulement du raid macabre dans le terminal des vols internationaux d'Atatürk, un grand aéroport très moderne, le troisième d'Europe, commençait à se clarifier. Le Premier ministre Binali Yildirim a expliqué tard mercredi que « les terroristes, après avoir d'abord voulu passer les (premiers) contrôles de sécurité » juste à l'entrée de l'aérogare, se sont ravisés et « sont revenus avec des fusils-mitrailleurs qu'ils ont sortis de leurs valises avant de passer les contrôles en tirant sans discrimination sur les gens ». « L'un d'entre eux s'est fait exploser à l'extérieur » et « les deux autres ont profité de la panique, sont entrés dans l'aéroport et se sont fait exploser », a-t-il dit.

Un haut responsable turc proche de la présidence ayant requis l'anonymat a livré un récit différent. Il a expliqué qu'une première explosion a eu lieu lorsque l'un des kamikazes est entré dans le hall des arrivées et s'est fait sauter juste avant les machines à rayons X. Profitant de la panique provoquée par la déflagration parmi les passagers et le personnel de l'aérogare, un deuxième kamikaze est entré dans le hall des arrivées, est monté à celui des départs et s'est fait sauter lui aussi. Enfin, le troisième kamikaze a attendu à l'extérieur de l'aéroport et s'est fait exploser en dernier.

Le Premier ministre Binali Yildirim a estimé que « les indices pointaient vers Daech », acronyme arabe de l'EI, face auquel la Turquie, initialement accusée de bienveillance, a dû changer de pied, adoptant une approche plus musclée. Le mode opératoire rappelle les attentats djihadistes ayant ensanglanté Paris en novembre 2015 (130 morts) et Bruxelles (32 morts dans le métro et à l'aéroport) en mars 2016.

Pour le chef des services de renseignements américains (CIA), John Brennan, l'attentat « porte sans aucun doute la marque de la dépravation de l'EI ». « Je suis très inquiet de voir que la machine terroriste générée par l'EI a beaucoup d'élan aujourd'hui encore », a-t-il ajouté. Le directeur de la CIA a également averti que l'EI était certainement en train de préparer des attaques contre des intérêts américains.

Ce nouvel attentat à Istanbul, le 4e et le plus meurtrier en un an dans la première ville du pays, a choqué la Turquie et a été condamné par de nombreuses capitales. Le Premier ministre a précisé en fin de journée que la « présence de personnel entraîné » serait « accrue » dans les aéroports du pays. Les forces turques ont abattu samedi à la frontière syrienne deux membres présumés de l'EI, dont l'un planifiait un attentat-suicide en Turquie, a rapporté Anadolu.

Le journal d'opposition Cumhuriyet prenait à partie jeudi le gouvernement en demandant « Quelqu'un va-t-il démissionner ? » et en rappelant qu'après les attentats à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles en mars des ministres avaient présenté leur démission. Mehmet Yilmaz, éditorialiste du quotidien Hurriyet, demandait : « S'il n'y a pas eu de défaillance de sécurité (comme l'a affirmé le Premier ministre), pourquoi y a-t-il eu des morts ? »

Le triple attentat est le dernier d'une longue série. Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l'an dernier par une série d'attentats qui ont fait quelque 200 morts et créé un climat de forte insécurité. Istanbul avait déjà été visée en janvier (12 touristes allemands tués, attaque imputée à l'EI), en mars (4 touristes tués – 3 Israéliens et 1 Iranien –, attaque attribuée aussi à l'EI) et début juin (11 morts, dont 6 policiers, attentat revendiqué par les combattants kurdes). Les attentats en Turquie ont visé les forces de sécurité turques ou des lieux touristiques emblématiques, provoquant une chute brutale du tourisme. Ils ont été attribués à l'EI ou aux rebelles kurdes, notamment aux TAK, une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).