Après le retrait américain de Syrie, les Kurdes font appel à la France

Publié le Samedi 22 Décembre 2018 à 09:00
Emmanuel Macron AFP - Les deux principaux responsables politiques des zones sous contrôle kurde en Syrie étaient reçus vendredi à Paris après l'annonce par Donald Trump du retrait des forces américaines déployées dans ce pays, a annoncé jeudi à l'AFP Khaled Issa, représentant kurde en France (...).

Le Conseil démocratique syrien est le bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition arabo-kurde et fer de lance de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), avec le soutien de la coalition internationale sous commandement américain.

Les discussions devraient porter sur les menaces d'offensive turque contre les forces kurdes en Syrie, le retrait des 2.000 soldats américains stationnés dans ce pays et le règlement de la crise syrienne, a précisé Khaled Issa.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est dit lundi déterminé à "se débarrasser" des milices kurdes dans le nord de la Syrie si leur parrain américain ne les contraignait pas à s'en retirer.

"Erdogan va tenter par tous les moyens d'occuper cette région et mettre en danger notre population mais surtout la sécurité en Europe", a affirmé Khaled Issa, laissant entendre que les Kurdes seraient détournés du combat contre l'EI en cas d'offensive turque.

La France "partage l'inquiétude des forces kurdo-arabes" alors que la Turquie menace de déclencher une nouvelle offensive dans le nord de la Syrie, a relevé la présidence française.

La décision du président américain "revient, si on la prend à la lettre, à livrer à elles-mêmes les troupes arabo-kurdes et les populations", estime l'Elysée, en avertissant qu'elle "ne saurait être le prélude à une offensive turque".

La France souhaite obtenir des "clarifications" de Washington sur les "modalités et le calendrier" du retrait annoncé par Donald Trump, a également relevé l'Elysée.

Pour Paris, il y a encore "des messages difficiles à interpréter" dans "la décision massue" de Donald Trump, qui apparaît "de plus en plus seul sur la scène internationale et à prendre ses décisions".

"Il faut attendre de connaître le calendrier et les modalités" du retrait pour déterminer les suites de la coalition internationale, dont les forces américaines constituent "la colonne vertébrale", a ajouté la présidence. "On va travailler pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de conséquences trop dommageables".

La France participe à cette coalition internationale sous commandement américain avec des avions de chasse stationnés notamment en Jordanie et de l'artillerie à la frontière irakienne avec la Syrie en soutien à la coalition arabo-kurde.

Le dossier des jihadistes étrangers détenus par les Kurdes syriens est aussi "extrêmement important pour la France". "Cela peut être une des conséquences négatives d'un retrait précipité", a relevé l'Elysée sans plus de précisions.

Emmanuel Macron a appelé dès mardi soir son homologue américain après avoir appris par "des contacts au sein de la diplomatie américaine" qu'il s'apprêtait à annoncer le retrait américain.

Il a expliqué à Donald Trump que, selon lui, "la campagne contre Daech n'était pas terminée", qu'"il ne fallait pas lâcher" et qu'"il fallait tenir compte de toutes les conséquences (d'un retrait) sur nos partenaires sur le terrain et sur la question syrienne en général".