Youssef Chahed : "Les conflits politiques freinent la croissance. Respect total pour BCE"

Publié le Lundi 12 Novembre 2018 à 12:38
Le chef du gouvernement, Youssef ChahedLors d’une séance plénière à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Youssef Chahed a regretté le manque de soutien à son gouvernement. Pour lui il s’agit d’une « crise politique », appelant tout le monde à prendre ses responsabilités afin d’atteindre « sereinement », les prochaines échéances électorales

« Je suis honoré de présenter la nouvelle composition du gouvernement et je remercie tous ceux qui ont travaillé, sans relâche, pour le bien de la Tunisie ». C’est ainsi que Chahed a commencé son discours au sein de l’ARP, rappelant, dans la foulée qu’il est le chef du gouvernement et pas un Premier ministre.

Chahed a opéré, le 5 novembre 2016, un remaniement ministériel qui a touché treize ministères et cinq secrétariats d’Etat. Pour le chef du gouvernement, il ne s’agit pas d’une crise gouvernementale mais politique : « Nous acceptons la critique constructive. Nous attendons une évaluation objective de notre travail et pas des jugements basés sur des appartenances partisanes », a-t-il souligné.

Le chef du gouvernement a affirmé que les difficultés économiques sont principalement causées par l’instabilité politique. Il a ensuite rappelé : « En 2016, le déficit budgétaire était de 7,4%. La situation des caisses sociales, celle de la pharmacie centrale et plusieurs autres institutions est le résultat d’un cumul de mauvaise gestion de plusieurs années et des gouvernements précédents. Nous n’avons jamais promis aux Tunisiens de tout améliorer. Notre seule promesse : Les voyants seront au vert en 2020 ».

Pour la période à venir, Youssef Chahed a annoncé les priorités : Reprendre la croissance économique. Rééquilibrer la balance de la finance publique et simplifier les procédures pour booster l’export, aussi bien pour les produits industriels qu’agricoles. Il a toutefois regretté : « La croissance ? Sans perturbations, nous aurions pu atteindre plus des 2,4% enregistrés en 2017. Malheureusement, l e gouvernement n’a pas été soutenu dans tous les grands dossiers qui touchent le citoyen dans son quotidien ».

Lors de deux dernières années, Chahed a affirmé que son gouvernement a été perturbé plus par des « alliés » que par l’opposition. Il a précisé : « Le manque de clarté est grave. Beaucoup étaient en apparence avec le gouvernement, mais leurs actions prouvaient tout à fait le contraire. Maintenant, avec ce vote, nous y verrons plus clair. Qui est avec et qui est contre le gouvernement ".

Revenant sur le remaniement ministériel, Youssef Chahed a souligné qu’il a été effectué dans le respect le plus total de la constitution, précisant que les divergences sont naturelles, mais qu'il n'a jamais pensé à manquer de respect au président de la République : "Ceux qui poussent vers la rupture avec Beji Caic Sebssi n’y arriveront pas. Nous sommes les premiers à reconnaitre l’apport historique du président dans la transition démocratique de la Tunisie", a-t-il précisé.

Selon Chahed, plusieurs politiques ont qualifié le remaniement ministériel de « coup d’Etat ». Sa réponse : « Nous sommes démocrates et fiers de l’être. Aujourd’hui, le peuple attend le retour de l’espoir et ne veut pas subir le sort d’autres pays. Il y a des lobbies qui veulent freiner notre bataille. Mais je leur dis clairement que nous n’allons pas nous arrêter. Notre principale arme ? La législation ».

Le chef du gouvernement a ensuite conclu son discours : « Nous sommes à quelques mois des élections législatives. Nous devons assainir le climat politique malgré toutes nos divergences. Nous avons une responsabilité historique pour franchir un autre palier sur le chemin de cette transition démocratique. J’appelle tous les partis à trouver un consensus pour l’élection des membres de la Cour constitutionnelle. Face aux défis que relève la Tunisie, nous devons être conscients qu’il faut valoriser nos acquis depuis la révolution. Notre peuple a du potentiel et veut voir une classe politique unie qui discute de programmes et de projets pour le pays, mais surtout pas de futilités. Vive la Tunisie ».

Le vote de confiance est effectué séparément sur chaque membre dans la mission qui lui est assignée. Pour obtenir la confiance de l’Assemblée, il est nécessaire d’obtenir l’approbation de la majorité absolue des membres (109 voix), conformément à l’article 144 du règlement intérieur de l’ARP.
Gnet