Wulff appelle la Tunisie à engager une action résolue contre la corruption

Publié le Jeudi 01 Décembre 2016 à 14:48
Christian Wulff,L’ancien président allemand, Christian Wulff, appelle à des réformes structurelles en Tunisie  accompagnées de mesures de privatisation, de décentralisation et de communalisation. Il s’agit en outre de réformer l’administration, de créer une plus grande transparence et d’engager une action résolue contre la corruption, a-t-il dit dans une allocution prononcée en marge de la conférence internationale sur l’investissement à Tunisie, qui a clôturé ses travaux hier. L’ambassade d’Allemagne nous a fait parvenir ce jeudi 1er décembre une copie de ce discours que nous reproduisons dans son intégralité :
 
En cette fin 2016, notre monde traverse une zone de fortes turbulences : les conséquences de l’élection présidentielle aux États-Unis sont imprévisibles. En Syrie, la barbarie semble n’avoir aucune limite. L’Union européenne est en proie à la pire crise de son existence. Et la liste des problèmes ne s’arrête pas là.

Cette décennie avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices : la vague du printemps arabe, née en Tunisie, semblait vouloir apporter le changement espéré dans le monde arabe. Le rêve de voir des sociétés, en majorité musulmanes, devenir des démocraties fondées sur l’État de droit était en passe de se réaliser. L’image que nous renvoie le monde arabe aujourd’hui a de quoi nous faire déchanter.

La Tunisie reste cependant un modèle de réussite. Les hommes et les femmes ici, le parlement, le président et le gouvernement, les partis, les lauréats du prix Nobel de la paix, tous ont contribué à des progrès impressionnants. La constitution est exemplaire. La situation s’améliore en matière de sécurité. Certes, certaines conquêtes restent fragiles. Il est important que les périodes de transition bénéficient aussi aux citoyens : ils doivent avoir le sentiment que les transformations de la société leur apportent quelque chose, à eux et leurs familles.
La Tunisie dispose de nombreux atouts pour faire du changement démocratique une réussite sur le plan économique également : avant tout, une population bien formée et dynamique, des infrastructures industrielles développées, une ouverture sur le monde et un esprit de tolérance.

Le programme stratégique de développement du gouvernement tunisien constitue une bonne base pour poursuivre les transformations aux niveaux politique, économique et social. Il s’agit à présent de le mettre en œuvre : une tâche difficile qui suppose d’autres réformes structurelles accompagnées de mesures de privatisation, de décentralisation et de communalisation. La tenue prochaine d’élections communales constitue à cet égard une importante étape supplémentaire vers la participation de l’ensemble des citoyens au débat politique. Il s’agit en outre de réformer l’administration, de créer une plus grande transparence et d’engager une action résolue contre la corruption.

Le développement de l’entrepreneuriat est l’enjeu central de ce processus. Soutenir les entreprises sera crucial pour l’avenir de la Tunisie. Les entrepreneurs ont besoin d’un cadre optimal, notamment d’un meilleur accès au marché dans une perspective de confiance réciproque et de paix sociale.

L’Allemagne soutient la Tunisie en tant qu’amie et partenaire. Des entreprises allemandes opèrent déjà avec succès en Tunisie : elles sont plus de 250 et emploient quelque 55 000 personnes. Cela représente plus de 250 relations gagnant-gagnant et bien davantage que 55 000 perspectives favorables pour l’avenir. Je souhaite qu’il y en ait encore beaucoup plus ! La création d’établissements locaux d’enseignement professionnel prouve qu’on y travaille déjà activement. L’éducation et l’emploi sont décisifs pour donner un avenir à une population jeune.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a bénéficié du Plan Marshall. Ce soutien a été fondamental pour la construction de notre démocratie et de notre État de droit. Nous connaissons l’importance de l’aide internationale. C’est pourquoi nous soutenons chaque année en Tunisie des projets pour une enveloppe globale de plus de 300 millions d’euros. La Tunisie compte ainsi parmi les tous premiers bénéficiaires de l’aide allemande. Ces projets s’adressent à presque toutes les composantes de la société. En 2016, par exemple, dans le cadre du partenariat pour le soutien au processus de transition, 3 millions d’euros ont été affectés à des projets dans le domaine de la bonne gouvernance politique. L’Allemagne soutient également la station de dessalement de l’eau de mer de Zarat par le biais d’un crédit de 82 millions d’euros et s’est engagée à financer deux parcs éoliens.

Parallèlement, l’UE dans son ensemble a elle aussi des obligations, en vertu de relations de véritable amitié et de bon voisinage. Il s’agit d’un nouvel approfondissement sincère des relations entre l’UE et la Tunisie à tous les niveaux.

La Tunisie est porteuse d’espoirs. Nous avons besoin de porteurs d’espoirs qui nous montrent que les choses peuvent évoluer positivement, que les changements peuvent réussir. Ce signal est essentiel pour la Tunisie mais aussi pour tous ! La conférence qui nous réunit doit marquer une étape importante dans cette direction. La Tunisie a besoin d’aide et la Tunisie obtient cette aide. Nous le ressentons comme un devoir et une responsabilité.

D'après Communiqué