Un TMM de 7 %, pouvant atteindre 7,5 %, le mois prochain

Publié le Vendredi 22 Juin 2018 à 07:42
TAP - Le Taux du Marché Monétaire (TMM) a atteint 7%, mercredi, et il est probable qu’il s’aggravera à 7,5% durant le mois prochain, suite à l’augmentation du taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie, de 100 points de base à 6,75%, a indiqué l’économiste Ezzeddine Saidane, dans une déclaration à l’agence TAP.

« En fait, le renchérissement du coût de refinancement des banques par la BCT, a été à l’origine de la hausse du coût de la liquidité échangée entre les banques de la place (TMM), surtout que le pays passe par une très grande crise de liquidités», a-t-il expliqué, faisant savoir que le volume de refinancement des banques par la BCT a atteint 15 milliards de dinars, au début de mois de juin, alors qu’il n’avait pas dépassé les 10 milliards de dinars, durant l’été dernier.

Et d’ajouter que cette crise est due à plusieurs facteurs, dont la régression du niveau d’épargne et par conséquent la baisse des dépôts dans les banques, le recours à la thésaurisation (un nombre important de citoyens préfèrent garder leur argent en dehors du circuit économique et les cacher à la maison), et surtout à l’absorption d’une proportion importante des liquidités par le marché parallèle.

Saidane a estimé que la BCT révisera encore son taux directeur à la hausse, étant donné que le taux d’inflation ne cesse de s’amplifier pour atteindre 7,7%, en mai 2018, soit le niveau le plus élevé depuis trois décennies.

« Nous nous attendons à ce que le taux d’inflation dépasse les 8% avant la fin de cette année et les 9% en 2019 », a-t-il ajouté, soulignant « nous sommes entrainés dans une spirale inflationniste, avec une inflation qui s’alimente elle-même ». De fait, la révision à maintes reprises du taux directeur entraine, automatiquement, le renchérissement du taux d’intérêt global, dont la première conséquence est la hausse du coût de production et partant l’augmentation des prix, et alors l’inflation s’amplifie davantage.

A cela s’ajoute, a encore expliqué l’économiste, l’inflation importée, laquelle est due à la dépréciation continue du dinar. A noter que le dinar s’est échangé, à la date du 20 juin 2018, à 3,095 pour un euro, et 2,620 pour un dollar, ce qui représente une dépréciation de 12% par rapport à l’euro et de 6,73% par rapport au dollar, en comparaison avec la même période de l’année écoulée.

Partant de ce constat, l’économiste a appelé à laisser tomber les mesures isolées prises au profit d’un secteur ou d'un autre et à opter pour la mise en place d’un plan d’ajustement structurel, pour sauver l’économie du pays dans son ensemble, lequel doit reposer sur un diagnostic détaillé de la situation.

« C’est ce que nous avons fait, exactement, en 1986, et ce qui nous a permis d’assurer la relance de notre économie, à cette époque là. Ce processus demeure valable aujourd’hui bien que notre crise actuelle semble plus grave », a-t-il conclu.