Tunisie/Justice : L’observatoire se rebiffe contre les syndicats de la police

Publié le Lundi 09 Septembre 2013 à 11:08
Le comité directeur de l’Observatoire tunisien pour l’indépendance de la Magistature s’est réuni le samedi 7 septembre 2013, au Bardo suite à la conférence de presse organisée la veille par l'Union nationale des Syndicats des forces de l’ordre et pendant laquelle cette dernière a accusé certains juges d’être de mèche avec les cellules terroristes. L’Observatoire dénonce les propos tenus lors de cette conférence de presse et toutes les déclarations données aux médias de la place, qu’il qualifie, dans un communiqué rendu public samedi, "d’une campagne ciblée, basée sur le sensationnel et qui vise à répandre la peur et la terreur".

L’observatoire dénonce "les accusations selon lesquels certains magistrats soutiennent le terrorisme" et dénonce  les menaces des syndicats de la police de révéler l’identité des personnalités politiques, juridiques et partisanes complices avec les terroristes.

L’observatoire considère que la tenue de trois conférences de presse, par le Chef du Gouvernement,  le ministre de l’Intérieur et les représentants des syndicats de la police et la révélation des secrets des affaires en cours, « est une atteinte aux prérogatives de la justice, l’expression d’un manque de confiance en l’indépendance de la justice  et son incapacité à protéger les libertés générales et individuelles, une atteinte à sa dignité, et un mépris de son statut ", lit-on dans le communiqué.

L’observatoire met en garde également contre l’insécurité qui menace les juges  et leurs familles, suite à ces déclarations, et rappelle que les accusations qui sont portées contre les magistrats, défenseur des Droits de l’Homme et avocats, et la surveillance de leur vie privée, « dépasse les prérogatives de la police et de leurs syndicats », et qualifie les surveillances menées contre ces personnes, « de pratiques semblables à celles effectuées sous l’Etat policier de l’ancien régime ».

Dans son communiqué l’Observatoire de la Justice met en garde contre « les tentatives de faire pression sur les juges d’instruction, et la divulgation d’informations confidentielles de nature à influencer l’opinion publique », et ce pour mettre en doute la décision de relaxe de 4 suspects dans l’affaire de l’assassinat de Mohamed Brahmi , « sans prendre en considération que toute relaxe est du ressort de la justice et qu’elle revêt un caractère provisoire, pouvant être révisé et passible de recours », indique le communiqué.

L’observatoire considère que le silence du ministère de l’Intérieur suite à ces révélations « est irresponsable, et que le mutisme du ministère de la Défense pourrait ouvrir la porte à l’atteinte aux droits de l’Homme au nom de la lutte contre le terrorisme », et appelle la société civile à protéger la justice des exactions commises à son encontre et à défendre son indépendance.
Gnet