Tunisie/ Présidentielle : Dilou et Mekki expliquent la décision d’al-Choura

Publié le Lundi 10 Novembre 2014 à 17:03
EnnahdhaSamir Dilou et Abdellatif Mekki, deux ex-ministres de la troïka et dirigeants d’Ennahdha, sont revenus ce lundi sur Shems et Mosaïque, sur la décision annoncée dans la nuit de Vendredi à Samedi par Majless al-Choura, instance suprême du mouvement, au sujet de la présidentielle, selon laquelle Ennahdha n’a pas donné de consigne de vote et a laissé le libre choix à sa base et ses électeurs.

Samir Dilou s’est défendu sur Shems que cette position soit une manœuvre, ou qu’elle revête un aspect patent, et un autre latent, indiquant qu’elle a été prise en tenant compte de l’intérêt du pays, de celui de son mouvement et du processus de transition démocratique.

"Notre position implicite et explicite est de laisser le libre choix aux électeurs", a-t-il affirmé, signalant que l’absence de concordance dans les positions entre la direction et la base émane du fait que la seconde n’a pas les mêmes données dont dispose la première.

Il a encore indiqué que si son mouvement avait pris la décision d’appuyer un candidat déterminé, il n’est pas évident que cela aurait conduit à prévenir l’hégémonie. "Le fait que le mouvement se range derrière un candidat donné ne veut pas dire forcément que celui-ci serait sauvé,  cela aurait pu donner lieu à une polarisation", a-t-il dit, rappelant que la décision de son mouvement – qu’il estime toujours judicieuse - de ne pas avoir son propre candidat à la présidentielle visait à éviter la polarisation.   

S’agissant du positionnement de son mouvement dans le futur paysage politique, il a souligné qu’il existe plusieurs formules : Il pourrait-être représenté au gouvernement, comme il pourrait être dans l’opposition. Il a rappelé que de point de vue constitutionnel, le seul qui est habilité à faire des propositions et à mener des tractations est le parti de la majorité, en l’occurrence, Nida Tounes.

Dilou s’appuie en revanche sur ce que disent les analystes en Tunisie et ailleurs, selon lesquels, si les forces principales du pays ne sont pas représentées dans le futur paysage, la situation serait fragile, étant entendu que des années dures nous attendent 2015, 2016 et 2017, avec une situation économique difficile et délicate, des problèmes sécuritaires… la stabilité politique serait ainsi requise pour attirer touristes et investisseurs, a-t-il souligné en substance.  

La rencontre Caïd Essebsi/ Ghannouchi a bien eu lieu

Abdellatif Mekki a quant-a-lui considéré sur Mosaïque la décision d’Ennahdha de ne pas appuyer un candidat à la présidentielle, comme étant une neutralité au niveau politique, mais sur le terrain, les électeurs du mouvement voteront conformément à leur référentiel intellectuel et moral pour un candidat déterminé.

S’agissant des informations faisant état du soutien d’une certaine partie de la base du président sortant, il a rétorqué que ce qui émane de ses partisans ne représente en rien le mouvement.

Majless al-Choura a fixé le cap, et les électeurs vont décider des personnes, a-t-il indiqué.

Il a ajouté ne pas être concerné avec les leaders d’Ennahdha  par l’élection présidentielle, et partant, ils ne feront pas partie de la propagande électorale pour la course à la présidentielle.

Mekki s’est défendu de tout embarras d’Ennahdha envers Béji Caïd Essebsi, chose qui aurait motivé sa décision, affirmant que si son mouvement participait au prochain gouvernement, ce serait grâce à son solde parlementaire.

Sur la rencontre entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, que Dilou n’a ni infirmée, ni confirmée, Mekki a fait savoir qu’elle a bien eu lieu et est intervenue à la demande de Caïd Essebsi.
Gnet