Tunisie/ Martyrs de la révolution : Samir Dilou appelle l’ANC à légiférer

Publié le Mardi 15 Avril 2014 à 18:16
Samir DilouLa justice militaire n’est pas la partie indiquée pour statuer sur les affaires des martyrs de la révolution, elle en a été chargée en 2011, contre sa volonté, a déclaré Samir Dilou, ancien ministre des droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, dans une interview au journal Le Maghreb, publiée dans son édition de ce mardi 15 avril.

Réagissant aux jugements controversés rendus samedi dernier par la Cour d’appel militaire dans les affaires des martyrs et blessés de la révolution, l’ancien ministre a souligné que "quel que soit le degré de notre respect de la justice et de notre défense de son indépendance, le respect du sang des martyrs appelle à reconnaître que les derniers jugements adressent un message d’impunité à ceux dont les mains ont été maculées du sang des martyrs". Ces Jugements nuisent, selon ses dires, "à la justice transitionnelle qui n’a pas de sens si la vérité se perd, et les coupables sont innocentés, en réduisant la punition à ceux qui sont en état de fuite".  

Samir Dilou appelle l’Assemblée nationale constituante à légiférer en vue "de transférer les affaires des martyrs de la révolution aux juridictions civiles, en concrétisation de la justice et en vue de surmonter la crise de confiance consacrée par les derniers jugements d’une manière totale et définitive".

L’ancien ministre presse l’ANC à accélérer la mise en place de l’Instance vérité et dignité, qui est habilitée, conformément à l’article 42 de la loi sur la Justice transitionnelle, de transférer au parquet les dossiers où de graves violations des droits de l’homme sont avérées.

Appelé à réagir à ceux qui pointent "un grand manquement" en matière de traitement du dossier des martyrs et blessés de la révolution par le ministère des droits de l’homme et de la justice transitionnelle, l’ex ministre rétorque : "la justice ne relève pas du pouvoir exécutif et n’exécute pas ses instructions. Ceux qui brandissent le slogan de l’indépendance de la Justice, puis critiquent l’actuel ou l’ancien gouvernement, à l’occasion de chaque jugement qui ne satisfait pas les justiciables, doivent dire la vérité au peuple quant à la signification réelle, pour eux,  de l’indépendance de la justice". Le ministère a totalement accompli son rôle dans le dossier des martyrs et blessés de la révolution, a-t-il asséné.

S’agissant des critiques adressées par la députée, Yamina Zoghlami, aux gouvernements de Hamadi Jebali et d’Ali Laâridh, qui n’auraient pas coopéré avec la commission de l’amnistie générale et des martyrs et blessés de la révolution (qu’elle préside), Samir Dilou a déclaré : "Yamina Zoghlami appartient au groupe d’Ennahdha, je ne souhaite pas polémiquer sur les colonnes des journaux. Je lui ferai parvenir mon opinion sur son intervention à la première occasion où je la rencontrerai". Il a néanmoins rappelé que "le projet de la justice transitionnelle a été soumis à l’Assemblée à la fin de 2012, et n’a été adopté qu’à la fin de 2013. Nous en sommes à la mi-avril, et l’Instance Vérité et Dignité n’a pas été encore créée", a-t-il déploré.

Gnet